L'Iran a, une nouvelle fois, demandé à l'AIEA un échange simultané de son uranium faiblement enrichi contre de l'uranium fortement enrichi, en petites quantités successives, Téhéran continuant ainsi à rejeter de facto le compromis proposé par l'agence, a-t-on appris hier de sources diplomatiques. Cette demande a été reformulée verbalement lors de la deuxième semaine de janvier au cours d'une rencontre entre le nouveau directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Yukiya Amano, et le représentant permanent de l'Iran auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, selon les mêmes sources. À l'issue de cette rencontre, un procès-verbal de compte-rendu a été remis à l'ambassadeur iranien avec la demande de confirmer son exactitude. La réponse, formulée verbalement, a été positive. Or, l'AIEA, comme le Groupe des Six (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine, Allemagne), a exclu de procéder à l'échange simultané et en petites quantités de l'uranium iranien. L'Iran continue ainsi son éternelle partie de cache-cache avec l'AIEA, le Conseil de sécurité et le Groupe des Six. Mardi, un porte-parole du Département d'Etat américain, Philip Crowley, tout en se déclarant incertain sur son caractère “formel et définitif”, avait qualifié la position iranienne “d'inadéquate”. Pour les Six et pour l'AIEA, il s'agit de faire la lumière sur la nature véritable du programme nucléaire iranien : purement civil, comme l'affirme le régime islamique ou, au contraire, également militaire, comme le soupçonnent les grandes puissances. Pour la fabrication d'une bombe atomique, l'Iran a besoin d'uranium fortement enrichi, une matière dont Téhéran ne dispose pas en quantité suffisante. L'AIEA avait proposé en octobre 2009 un compromis à l'Iran, prévoyant l'exportation par l'Iran de 70% de son uranium faiblement enrichi en Russie pour y être enrichi davantage puis transformé en France en combustible, mais exclusivement pour son réacteur de recherche et à des fins médicales, en particulier le traitement de certains cancers. Comme “modalité alternative”, l'AIEA avait aussi envisagé un stockage intermédiaire en Turquie, pays ami tant de l'Iran que des grandes puissances.