Alliée stratégique des Etats-Unis, la Turquie se dit prête à accueillir l'uranium iranien dans le cadre d'un accord destiné à rassurer la communauté internationale quant aux intentions de Téhéran dans le domaine nucléaire. Ce sont les médias turcs, citant le ministre turc de l'Energie, Taner Yildiz, qui ont rapporté hier l'information. « Il n'y a pas de problème côté turc pour stocker l'uranium faiblement enrichi... Nous ne pouvons pas dire non à ce sujet », a déclaré M. Yildiz vendredi dernier à la presse. Aucune demande officielle en ce sens n'a cependant été faite jusqu'à présent, a-t-il ajouté, précisant que la question est en discussion. Le New York Times a affirmé cette semaine que les Etats-Unis ont fait savoir à Téhéran qu'ils sont favorables à une solution consistant à envoyer les stocks d'uranium iranien à un pays tiers, notamment la Turquie, pour un contrôle plus effectif. Citant des diplomates et responsables gouvernementaux, le journal a souligné que cette proposition a été faite par l'intermédiaire de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais Téhéran reste méfiante et continue d'exiger plus de garanties pour qu'elle envoie son uranium vers un pays tiers. L'AIEA a initialement proposé le 21 octobre que l'Iran exporte la plupart de son uranium faiblement enrichi en Russie pour y être enrichi davantage, avant d'envoyer ce matériel en France, où il serait transformé en combustible. Cette formule permettrait, selon le groupe des Six (USA, France, Allemagne, Russie, Chine, Grande-Bretagne) d'assurer à Téhéran la livraison de combustible nucléaire pour son réacteur de recherche, tout en assurant un plus grand contrôle des stocks iraniens d'uranium enrichi, afin d'apaiser les inquiétudes internationales. Avantages comparatifs Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Dans différentes déclarations faites le week-end dernier, un responsable parlementaire iranien a rejeté ce projet de l'AIEA, tout en affirmant que l'option de l'échange d'uranium « restait sur la table ». Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, se dit favorable à l'échange d'une partie de l'uranium enrichi à 3,5% que l'Iran possède pour obtenir en contrepartie du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran. « Nous ne pâtirons pas d'un échange (...), au contraire en obtenant du combustible à 20 % pour le réacteur de Téhéran, un million de nos citoyens en bénéficieront pour des soins médicaux et, dans le même temps, nous prouverons le bien-fondé de nos activités nucléaires pacifiques », a déclaré, vendredi dernier, le général Firouzabadi, selon l'agence Mehr. La quantité d'uranium enrichi à 3,5 % qui sera livrée pour obtenir du combustible n'est pas si importante que cela pour porter atteinte à nos intérêts, a ajouté ce responsable nommé par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et qui est également très proche du président Ahmadinejad. Si Téhéran semble refuser de livrer à la fois tout son uranium à un pays tiers, les dirigeants iraniens restent « ouverts » à toute négociation.