La question de la monétique en Algérie est liée à la fois au degré de pénétration et de développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication, à la progression des réformes du secteur bancaire et financier et à l'évolution des mentalités au sein de la société. L'engagement de notre pays dans des relations d'échanges avec les espaces maghrébin, euroméditerranéen et de façon plus large, avec l'environnement économique international appelle la mise en place des conditions d'adéquation avec cette politique d'ouverture. Par ailleurs, la masse ainsi que le volume du flux d'informations avec les partenaires étrangers nécessitent la modernisation et l'amélioration des prestations bancaires, l'introduction de la transparence dans les transactions du commerce électronique et la sécurisation des données qui leur sont liées. Perçus sous cet angle, la monétique et le commerce électronique ne relèvent pas seulement d'une problématique technique et technologique. Ils s'intègrent dans une démarche plus globale, fondamentalement politique, économique, sociale et culturelle. Cette exigence est dictée à l'ensemble de la communauté internationale par le flux considérable d'informations de toute nature à l'échelle planétaire. L'Algérie n'a d'autres choix que de se doter des infrastructures techniques, technologiques et des autres conditions et instruments d'adaptation de sa politique de numérisation des systèmes d' informations, notamment économiques et financières, pour amortir et absorber, progressivement le choc du XXIe siècle. La mise en place des instruments organisationnels et réglementaires pour le développement de la monétique et du commerce électronique. La Satim, société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique, est un organisme public de coordination et de gestion des opérations interbancaires. C'est “un cadre et un instrument d'accompagnement des programmes de développement et de modernisation des banques et de promotion des moyens de paiement par carte”. Pour la mise en œuvre de son programme, elle s'est fixée comme objectifs à fin 2010, selon son directeur général, l'émission de un million de cartes interbancaires (CIB) et l'accroissement du nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) pour atteindre, durant l'année en cours, 2 000 unités. Les statistiques disponibles actuellement font état de 850 000 CIB et de 1 300 DAB dont 700 pour Algérie Poste. Ce décalage entre le nombre de CIB et celui des DAB traduit un retard considérable dans l'acquisition et l'installation des équipements de distribution. En revanche, le rythme d'émission de cartes interbancaires et de mise en place des appareils de distribution de billets, semble plus rapide au niveau d'Algérie Poste. Selon les responsables de cette institution, “il y aurait émission de 5,8 millions de cartes de retrait dont 4,5 millions ont été distribués avec seulement 2 millions activés, soit 44%”. À ce faible taux d'activation des cartes de retrait émise par Algérie Poste, viennent se greffer d'autres insuffisances telles que des pannes fréquentes des distributeurs, l'impossibilité de disposer du solde du compte en temps réel, le manque de liquidités… S'agissant des moyens juridiques d'encadrement du développement de la monétique et des transactions électroniques, selon le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef). “Les choses seront juridiquement mises au clair, notamment en ce qui concerne la preuve électronique, la valeur de la carte ou la transaction électronique. Le papier sera appelé à disparaître et sera remplacé par le flux électronique. Même en cas de crise ou de conflits ou de litiges. Les aspects conventionnels sont en train d'êtres renforcés en ce sens, qu'aucune chose ne restera cachée…” Même à ce niveau, des lenteurs sont relevées pour cause de considérations techniques et de fonctionnalité, dit-on. Les partenaires étrangers ont besoin d'êtres rassurés par un cadre juridique et réglementaire conforme aux standards internationaux pour sécuriser leurs capitaux. L'apport du secteur bancaire La Banque d'Algérie a, dans le cadre du programme de modernisation des infrastructures bancaires et du développement des échanges électroniques, mis en place, en 2006, le système de règlement brut en temps réel de gros montants et paiements urgents (ARTS Alegria real system time) et le système de télécompansation de masse, appelé système Actic (Algérie Télécompasation interbancaire). Ces systèmes ont permis la connexion du système bancaire algérien au réseau bancaire international. C'est là, un axe majeur de modernisation et de facilitation des flux financiers extérieurs. Pour ce qui concerne les autres banques, le directeur général de la Satim, dans une interview accordée à la Chaîne III, a déclaré que “sa société a remporté un contrat avec la firme internationale Visa pour l'introduction des cartes du même nom. Après une période d'essai technique et de certification, les cartes Visa seront disponibles en Algérie, au plus tard en juillet 2010. Le CPA, la BDL, la BEA ont déjà signé avec la firme Visa”. Pour ce qui est du commerce électronique, il annoncé le paiement prochain des billets Air Algérie par Internet de même qu'il a annoncé le lancement de la carte carburant. Il est vrai qu'une nouvelle culture des échanges électroniques et de la monétique semble s'installer progressivement en dépit des lacunes constatées. Cette nouvelle culture ne pourra se développer que si le degré de pénétration et l'amélioration du débit du réseau internet accompagnent la dynamique d'ensemble, ce qui, apparemment, ne semble pas être le cas. Beaucoup de gesticulations ont été déployées pour qu'au final, la qualité et notamment le débit de cet outil (Internet), classe l'Algérie en deçà de pays comparables même par rapport à nos proches voisins. C'est d'autant plus regrettable que les télécommunications, dont précisément Internet, constituent un des grands services publics qui est tenu d'offrir des prestations de qualité et en constante évolution. Le nécessaire changement des mentalités Evoquer le changement de mentalité, c'est se référer à la capacité et à la volonté d'adhésion de la clientèle bancaire, des commerçants, des consommateurs et de la société en général, à la culture des transactions électroniques. Cela suppose des conditions de confiance, de fiabilité du système, de confidentialité et de sécurisation des transactions. Il s'agit, en fait, de la qualité de service. Des pays bien plus développés ont mis beaucoup de temps pour y arriver, en mettant en œuvre une stratégie de communication et sensibilisation des utilisateurs des services électroniques. Dans notre pays, hormis quelques dépliants, aucune campagne de sensibilisation de masse n'a été régulièrement menée par les pouvoirs publics.