Pour les cartes magnétiques des Comptes courants postaux, plus communément nommés Comptes chèques postaux (CCP), le problème est plus complexe vu que les CCP constituent la plus grande banque du pays, c'est le cas pour tous les pays du monde pour la bonne raison que les CCP rassemblent les paiements du budget de fonctionnement de l'Etat donc, entre autres, les traitements des fonctionnaires, les pensions de retraite ainsi que les bourses universitaires et différentes pensions accordées par l'Etat à divers titres. En mai 2009, les avoirs CCP dépassaient les 500 milliards de dinars, soit déjà près de 18% du budget 2010. Avec un chiffre qui n'est pas très loin de 3,5 millions d'opérations par mois actuellement. Jusqu'ici, sept millions de cartes ont été distribuées. Mais, apparemment, le public ne se résout pas à abandonner le carnet de chèques, pour de probables raisons psychologiques tenant à la résistance au paiement virtuel, mais aussi à une qualité de service très difficile à assurer dans de telles conditions de nombre et de masse : le pari a été trop difficile à tenir, ce qu'a admis implicitement le ministre responsable du secteur, soit donc un retour au carnet de chèques sans pour autant abandonner la carte magnétique. Le temps peut- être de roder cette énorme machine ? Il y a manifestement un hiatus entre l'institution de la carte magnétique et l'informatisation des services postaux par rapport au maintien d'anciennes organisations du travail. Avec la nouvelle organisation du travail testée dans deux cents bureaux de poste, la mauvaise humeur du public est manifeste : des délais trop longs pour se faire appeler son numéro de file. Car, c'est bien la peine d'instituer des guichets qui font toutes les opérations, alors qu'il n'y a qu'un seul guichetier de service, les autres étant indisponibles pour une raison ou pour une autre. Apparemment, il y a une division des tâches, la même qui persiste depuis des temps immémoriaux, qui ne correspond pas à l'organisation du travail au moyen des TIC. Entre autres, et malgré l'informatisation et une carte bancaire en main, il est théoriquement possible d'opérer un retrait au guichet par l'entremise d'un mini-terminal où l'on peut introduire sa carte de paiement et composer son code. Mais le paiement est conditionné par la signature d'un formulaire consacré aux opérations financières postales, un imprimé parfois introuvable dans certains quartiers de la capitale. En sus, si le retrait dépasse le seuil de 20 000 dinars, il est pratiquement certain que l'usager devra accompagner cet imprimé par une photocopie de sa pièce d'identité. Une pratique héritée de l'ancienne organisation du travail dans les services des chèques postaux. Ces cartes étaient théoriquement valables pendant deux années, une durée qui est passée à quatre années devant la difficulté matérielle de renouveler ces millions de cartes soit, au rythme actuel, une moyenne de près de 1,8 million de cartes à changer par année, un nombre appelé à grossir à hauteur significative si l'on en croit les ambitions affichées pour la période 2010-2013. En plus des pannes classiques de distributeurs automatiques de billets, et des réclamations inévitables des usagers, les dysfonctionnements sont plus liés au fonctionnement des chèques postaux et de la Poste, en tout cas beaucoup moins à l'informatisation entreprise depuis des années. Et en dépit des réclamations sur des ponctions douteuses ou incomprises, ainsi que des affaires de détournement qui ont défrayé la chronique des CCP, l'institution garde le cap avec un abonnement annuel de 300 DA hors taxes pour la carte magnétique, 30 DA par opération toujours hors taxes, et 150 DA pour une demande de retrait insuffisamment approvisionnée ou sans provision, et toujours un plafond de retrait fixé à 20 000 DA, le même que pour le retrait classique en chèque à vue. Pour les banques étrangères, les tarifs sont un peu différents : il faut d'abord y disposer d'un compte. Tout compte fait, il n'y a pas de concurrence dans le réseau monétique, le choix d'une banque ou des CCP répondant beaucoup plus à des commodités pratiques, surtout qu'à l'exemple des CCP, la délivrance d'une carte est automatique, tandis qu'ailleurs, elle est soumise à la rédaction d'une demande manuscrite avec trois formulaires à remplir et quelques longs mois d'instruction du dossier et de retrait de la carte. Pour le cas de la Société Générale, les abonnements au réseau interbancaire algérien sont modulés suivant le salaire mensuel, soit 420 DA d'abonnement toutes les deux années pour les salaires inférieurs à 70 000 DA, et 720 dinars d'abonnement pour la même période dans le cas d'un salaire supérieur. L'opération dans les distributeurs automatiques de la Société Générale est toutefois moins chère que chez les CCP : 11 dinars hors taxes pour ceux disposant d'une carte délivrée par la Société Générale et 15 dinars pour ceux disposant d'une carte délivrée par une autre institution bancaire. Pour les chèques sans provision, ou demandes de retrait avec provision insuffisante, il en coûtera 500 dinars au client distrait ou indélicat. Enfin, contrairement au CCP qui limite un plafond indifférencié (20 000 dinars), le plafond de retrait à la Société Générale est égal à un quart par semaine de son salaire mensuel. Enfin, la Banque nationale de Paris et des Pays-Bas (BNP Paribas) offre, comme la Société Générale, deux catégories de cartes, la gold et la normale avec pour seuil d'accès un revenu mensuel de plus de 50 000 dinars pour la première. Les tarifs d'abonnement ne sont guère lointains, 500 dinars annuels pour la première et 400 pour la deuxième. Dans tous les cas de figure, les services liés à la carte bancaire sont surtout réservés aux petits paiements en général, et ne forment qu'une petite partie des paiements. Ils constituent surtout une commodité pour les institutions qui les émettent, en favorisant dès la demande de paiement une traçabilité électronique pour des millions de petits paiements ou de petites opérations. Pour les gros montants, le chèque et ses différentes catégories sont de rigueur pour ces institutions. Hors d'elles, les mallettes bourrées et même les sachets de plastique dominent la place économique.