La France vit au rythme des événements “made in Algeria” ; certains diront que ça ne date pas d'aujourd'hui mais le fait est qu'en ce moment il y a une concentration d'activités surtout à Paris. Il y a évidemment les matches de l'EN avec ses incessants défilés de supporters dans les rues des villes françaises à la fin de chaque match. Il y a eu la qualification aux quarts de finale après le match contre l'Angola, en plus de la victoire héroïque contre la Côte-d'Ivoire, mais il y a eu surtout l'avant, et l'après Algérie-Egypte qui s'est déroulé jeudi dernier. Tout au long de la journée du 28 janvier, les couleurs algériennes étaient omniprésentes dans les artères de Paris. À quelques heures du match, beaucoup de jeunes cherchaient des lieux tels que les cafés et les restaurants susceptibles de diffuser la rencontre très attendue entre les troupes de Saâdane et Shehata. Aux environs de 19h, au niveau des Halles, le centre de la capitale, il y avait une longue file d'attente devant une brasserie qui avait programmé le match. Des Maghrébins d'une vingtaine d'années environ, et même des Africains, se poussaient presque pour pouvoir entrer. L'entrée à ce restau, improvisé en salle de cinéma, était de 10 euros. Au niveau de la rue Goncourt, XIe arrondissement, mêmes scènes : cette fois, un café archicomble avait programmé le match avec 3 euros seulement, consommation comprise. Mais malgré la lourde défaite de l'EN, Paris a vécu une énième nuit de défilés. Au niveau des quartiers mythiques comme Clichy et Barbès ainsi que sur l'avenue des Champs-Elysées, où s'est déployée une centaine de CRS, une ambiance de victoire s'est installée, où on pouvait voir des jeunes dansant dans les rues avec les drapeaux algériens. Résultat : des escarmouches avec les policiers et avec les rares Egyptiens qui ont manifesté timidement leur joie. Ces réactions ne sont pas du goût de certains Français, mais également d'un certain Saoudien. L'ambassadeur du royaume wahhabite auprès de l'Unesco a publié, la veille du match contre l'Egypte, un pamphlet dans les colonnes du journal Al Hayat dans lequel il critique ouvertement les Algériens. S'autoproclamant défenseur de la capitale française (dans laquelle il est installé depuis seulement trois ans), Ziad Ben Abdellah Edriss, leur reproche de faire perdre à Paris son cachet et aussi de perturber son sommeil lors des défilés ! Cependant, le cachet DZ n'avait pas seulement un caractère footballistique. La littérature est également au rendez-vous. Ainsi les 6 et 7 février prochains, le Maghreb des livres qui se déroulera à la Cité internationale de l'histoire de l'immigration, à Paris, l'événement aura pour thème “Gros plan sur les lettres algériennes”. Il y est attendu la présence, entre autres, de Lazhari Labter, président du Syndicat professionnel du livre, ou encore Yasmina Khadra. Ce dernier a été d'ailleurs invité à une rencontre dédiée aux œuvres d'Albert Camus au centre Georges-Pompidou. Une présence qui n'est pas passée inaperçue. Une autre “trace” algérienne concerne le secteur écologique. Depuis le 21 janvier, la star incontestée au niveau du siège de l'Unesco de la rue Fontenoy est un… Algérien. Il s'agit du docteur Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention pour la biodiversité et sous-secrétaire général de l'ONU. Sur tous les écrans installés au niveau des couloirs de l'organisation, ses discours étaient diffusés en boucle. La raison en est toute simple, 2010 a été proclamée par l'ONU année internationale pour la biodiversité, et le docteur Djoghlaf en est le premier responsable. De plus à l'autre siège de l'Unesco, rue Miolis, ce sont des journées culturelles algériennes qui sont organisées. Initiées par Karima Zerroug, une Algérienne ayant le statut de coordinatrice de la délégation permanente d'Oman auprès de l'organisation, cet événement a vu la participation de Bahdja Rahal ou encore du chef d'orchestre Amine Kouider. Les deux ont d'ailleurs présenté deux mini-galas pour les enfants des membres des délégations de l'Unesco. Les médias français sont aussi au “rendez-vous”. Mais cette fois, c'est plus dans une position anti-algérienne. Le magazine le Point consacre un numéro spécial (février 2010) aux relations algéro-françaises intitulé “L'Algérie 1830-1962, une passion française”. Un numéro nostalgique du colonialisme et donnant une bien piètre image des Algériens. Enfin, Fellag est actuellement présent dans le “paysage” parisien avec son spectacle Tous les Algériens sont des mécaniciens joué chaque soir au théâtre Les Bouffes-Parisiens depuis le 21 janvier. Son show de vendredi soir a fait salle comble avec évidemment une grosse majorité d'Algériens comme spectateurs. Entre caricature et autodérision, Fellag jongle avec les clichés et n'hésite pas à taquiner les Français en prédisant la présence, “dans un futur proche”, d'un… Algérien à l'Elysée.