Hier, l'Algérie devait prendre part au Festival Bobines Sociales, organisé à Paris du 29 au 31 janvier 2010, avec la projection du documentaire Aliénations de Malek Bensmaïl. Le festival Bobines sociales ouvre comme chaque année ses portes pour trois jours de projections et débats, buvette et restauration sur place, et concert le samedi soir... L'Algérie représentée par Aliénations de Malek Bensmaïl, qui est un documentaire de 105 minutes, coproduit par l'INA, France 5 et 3 Productions, en 2003. Le documentaire de Malek Bensmaïl, qui devait être projeté hier à 19h, raconte le quotidien des soignants et malades à l'hôpital psychiatrique de Constantine, qui met à nu les angoisses identitaires, les bouleversements culturels et le malaise sociopolitique de l'Algérie d'aujourd'hui qui se projette dans la souffrance mentale. Un portrait de groupe en finesse qui donne toute la mesure des traumatismes dont souffre le pays. La 7e édition du festival Bobines sociales compte projeter plusieurs productions parmi celles des années 1970, représentant une dizaine de pays. Dans une note, le réalisateur algérien commente la substance de son film : “C'est l'œil qui pense qui résiste… Sur une pièce d'identité, on trouve un nom, un prénom, une date et un lieu de naissance, une photographie, une énumération de certains traits physiques et signature. Sur un passeport, on trouve en plus des visas et des tampons de police des frontières des pays visités. Sur ces deux documents officiels, on devrait y indiquer également l'ensemble de nos appartenances… Les tampons et les visas ne seraient alors plus utiles. Mon appartenance est multiple. Algérien certes, j'en ai conservé une forme de vie et une langue riche mais non reconnue à ce jour par le pouvoir : le dialecte algérien.” Il ajoute : “De culture arabo-musulmane, ce qui constitue pour moi un repère géopolitique indéniable. Berbère aussi, mais cette fois de la région des Aurès, dont j'ai hérité la culture des montagnes. Occidental bien évidement, où j'ai assimilé la pensée cartésienne, une forme de modernisme peut-être. Aujourd'hui, je vis en France. Autant d'espoir et d'ouvertures vers d'autres horizons. C'est toute cette diversité qui m'aide à réfléchir à mes films.” Dans sa poignante note, Malek Bensmaïl évoque son malaise également : “Mais de part et d'autre, je me retrouve confronté à bien des contradictions, à bien des diktats. L'Occident m'encourage à créer, mais subventionne de préférence les films qui répondent à ses critères et à ses fantasmes. De l'autre côté de la mer, l'Algérie, mon pays, voudrait me dicter sa pensée nationaliste et idéologique. Il m'incombe alors d'affirmer mes diverses appartenances, de reconnaître mes territoires.”