Alors que les émissaires américains veulent gagner du temps, Alger refuse de figurer sur cette liste et affirme que le principe de réciprocité sera appliqué. Les Etats-Unis d'Amérique multiplient les gestes d'apaisement en direction de l'Algérie, au lendemain de la publication de la liste noire comportant les pays à risques. Ne voulant pas perdre un partenaire stratégique, sur les plans sécuritaire et économique, l'administration Obama dépêche ses conseillers à Alger pour tenter de rassurer les responsables algériens et d'absorber leur colère suite à la publication de la fameuse liste. Les émissaires américains veulent gagner du temps en assurant que ladite liste pourrait être revue. Mais, en attendant, Alger martèle qu'elle refuse de figurer sur cette liste et qu'elle appliquera le principe de réciprocité aux ressortissants américains. Une semaine après la visite de Janet Sanderson, ancienne ambassadrice des USA à Alger et actuelle sous-secrétaire adjointe américaine, chargée des affaires du Proche-Orient au département d'Etat, c'est au tour de Gina Abercrombie-Winstanley, coordinatrice des programmes au bureau américain de la coordination pour la lutte contre le terrorisme, de faire escale, jeudi dernier, à Alger. La responsable américaine n'a pas manqué de rappeler que les Etats-Unis considèrent l'Algérie comme l'un de leurs “meilleurs partenaires” en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Mme Winstanley a indiqué que son pays “tire profit de l'expérience algérienne dans la lutte contre la menace terroriste”, ajoutant que les deux pays “entretiennent une excellente relation de coopération dans de nombreux domaines”. Elle a ajouté que l'objectif de sa visite consistait à “capitaliser” cette coopération et ce partenariat au service de la sécurité des deux pays et des peuples. Ceci pour les déclarations de bonne volonté. Mais, lorsqu'il s'agit de la fameuse liste noire, le discours américain est tout autre. Mme Winstanley a, en effet, affirmé que les autorités américaines “comprennent les appréhensions et les critiques suscitées en Algérie, aussi bien par les autorités que par les citoyens”, regrettant que “cette menace terroriste ait dû imposer cela (mesures) aux pays concernés, dont l'Algérie”. À ce sujet, elle a ajouté qu'“après la publication de la liste de pays concernés par ces mesures, le président Obama a promis qu'elle sera sujette à des révisions constantes”. Mme Winstanley, qui a préféré parler de “mesures sécuritaires” et non pas de liste, a affirmé que “le contrôle approfondi des passagers dans les aéroports américains et dans ceux où les vols sont en partance pour son pays, sera effectué sur l'ensemble des voyageurs quelle que soit leur nationalité, y compris les ressortissants américains eux-mêmes”. À une question sur l'application par l'Algérie de “mesures de réciprocité”, elle a souligné que “l'Algérie est un pays souverain et nous comprenons son souci de protéger ses citoyens contre toute menace”, soulignant que “ce ne sont pas ces mesures sécuritaires qui vont altérer l'excellence de la relation bilatérale, en témoignent les nombreuses visites de délégations américaines ces derniers jours en Algérie”. À ce titre, il y a lieu de rappeler la visite du général William E. Ward, commandant du commandement militaire des Etats-Unis d'Amérique pour l'Afrique, en novembre 2009, où il a été question de coopération bilatérale et multilatérale en matière de lutte antiterroriste. L'Algérie, qui avait jugé la mesure américaine “inappropriée”, a demandé à être retirée de cette liste. Même si elle continue à privilégier les voies diplomatiques pour résoudre ce problème, l'Algérie est décidée à réparer cette injustice par tous les moyens.