Ambiance électrique hier au palais-Bourbon, siège de l'Assemblée nationale française. ç'aurait pu être pourtant un jour de détente avec la ratification d'une convention franco-algérienne de 2007. Approuvé par le Sénat en juillet, le document relatif à la convention franco-algérienne est arrivé hier à la Chambre basse. Soit juste après une proposition de députés algériens de “criminaliser” le colonialisme. Le projet algérien a été signé par 125 députés du FLN, du RND, du MSP et d'El-Islah. “Nous envisageons de créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux”, a averti Moussa Abdi du FLN. En riposte, le député Thierry Mariani a demandé le report de la ratification de la Convention de 2007. Pour lui, le texte algérien est une insulte aux “rapatriés qui ont vécu au milieu du peuple algérien jusqu'en 1962”, ainsi que pour “l'ensemble de ceux qui ont servi en Algérie sous les couleurs du drapeau français, les harkis, les militaires professionnels, les appelés du contingent, qui se sentent méprisés et qu'on injurie une nouvelle fois”. Qualifié “d'ultra” par ses adversaires, M. Mariani est tête de liste UMP pour les prochaines élections de mars en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, région d'arrivée en 1962 pour de nombreux rapatriés et harkis. L'éventuelle mise en place “des tribunaux d'exception n'est pas acceptable”, a aussi déclaré le patron des députés Nouveau centre, François Sauvadet, demandant “une clarification de la part du gouvernement algérien sur cette initiative”. Le ministre de l'Immigration Eric Besson a déclaré regretter la proposition algérienne estimant qu'il s'agit d'un “sujet sensible” alors qu'il reste “encore des cicatrices”. Pour lui, “il ne faut pas oublier la colonisation et la post-colonisation” et “dépasser” cette question. Cet accès de fièvre dans la relation tumultueuse entre la France et l'Algérie est appelé à nourrir l'actualité pour se poser en concurrent des scandales qui empestent la vie politique à Alger. Nos députés ont trouvé un motif de sursaut dans la décision de Paris de classer l'Algérie dans la liste des pays à risques pour les transports aériens. “Comment l'Algérie peut-elle être parmi les pays qui luttent contre le phénomène du terrorisme et dans le même temps figurer sur la liste des pays dont les ressortissants sont soumis à des mesures de contrôle spécifiques ?”, a protesté le président de l'Assemblée, Abdelaziz Ziari. Les députés français ont quand même ratifié le texte. “Nous avons été plus que troublés par la prise de position inacceptable de députés algériens”, s'est indigné le député Jacques Remiller (UMP), tout en estimant que “cet énième soubresaut de l'Histoire ne doit pas entacher sur le fond la volonté commune de travailler ensemble”. Le socialiste Bernard Derosier a, lui aussi, espéré que le gouvernement français aurait “la sagesse de ne pas écouter les ultras” qui réclamaient le report de la ratification. M. Derosier a aussi jugé “malvenue” l'inscription par Paris de l'Algérie sur une liste de pays à risques pour les transports aériens. Pour le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet, “il faut dépassionner le débat et regarder cette convention à l'aune de l'intérêt des peuples français et algérien”. Le PS et le PCF ont voté pour la ratification. “Il ne s'agit pas de battre sa coulpe, mais de reconnaître les vérités historiques des méfaits du colonialisme”, a déclaré le communiste François Asensi (PCF). La convention de partenariat franco-algérienne avait été signée à Alger le 4 décembre 2007. Elle affirmait la volonté des deux gouvernements de “développer un partenariat d'exception fondé sur les intérêts mutuels, la proximité géographique et des liens étroits nourris d'une histoire commune et d'une mémoire qu'il leur convient de partager”.