Dans cette affaire qui cache mal des objectifs inavoués aussi bien en Algérie qu'en France, force est de constater que chaque partie semble jouer un rôle bien déterminé, et ce, en fonction de la conjoncture et des circonstances politiques et économiques du moment. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, soutient la démarche de ses députés qui ont lancé une initiative visant à criminaliser le colonialisme français. Le contraire nous aurait certainement étonnés. Mais ce qui paraît nouveau dans cette nouvelle polémique sur l'histoire entre Alger et Paris, c'est en fait la procédure que prendra cette initiative parlementaire avant d'atterrir au gouvernement. Belkhadem semble expliquer à sa façon que cette loi sur la criminalisation des crimes commis durant la colonisation risque de prendre beaucoup de temps. Au même moment, en France, la prudence semble être de mise, et des responsables du gouvernement Fillon, interrogés sur cette initiative, adoptent une attitude réservée en faisant valoir le fait que le gouvernement algérien ne s'est pas encore prononcé officiellement sur la question. Alors la démarche des députés du FLN, soutenue par le RND, le MSP et El-Islah, visait-elle seulement à produire un effet d'annonce ? Rien de moins sûr. Dans cette affaire qui cache mal des objectifs inavoués aussi bien en Algérie qu'en France, force est de constater que chaque partie semble jouer un rôle bien déterminé, et ce, en fonction de la conjoncture et des circonstances politiques et économiques du moment. À la France le rôle positif de son ancienne politique de colonisation, à l'Algérie sa criminalisation. Cette polémique sur l'histoire que le président Bouteflika même avait appelée en 2009 à traiter “de façon originale” dure depuis plus de cinq ans. Tout a commencé en 2005 avec la loi du 23 février votée par l'Assemblée française et visant à glorifier le passé colonial de la France. Même si le très controversé article 4 de la loi a été supprimé un an plus tard, il n'en reste pas moins que le débat sur l'histoire a ressurgi lors de plusieurs occasions électorales. En France, les partisans de l'Algérie française, aussi bien au sein du Front national qu'au sein de l'UMP, n'ont raté aucune opportunité pour faire entendre leur voix jusqu'au débat sur l'identité nationale. En Algérie, le dossier lié à la colonisation française semble servir de diversion. Au FLN, la préparation du congrès se déroule dans des conditions loin d'être anodines. Ailleurs, les affaires de détournement de centaines de milliards à Sonatrach, la première entreprise du pays, éclaboussent plusieurs hauts responsables du secteur. Comme si quelque part, il existe, ici et là, une volonté de laisser dans l'ombre les préoccupations engageant le présent et l'avenir des Algériens et des Français.