Il y a comme de la fébrilité dans l'air que le secrétaire général du FLN a du mal à cacher. La déclaration de l'ex-chef de gouvernement sonne comme un aveu d'impuissance. Plus que cela, l'homme semble blasé par la conjoncture politique actuelle. Une petite phrase aura retenu l'attention des observateurs avertis de la scène politique nationale. «Exiger le poste de Premier ministre pour le Front de libération nationale? Non ça ne m'intéresse pas», a confié Abdelaziz Belkhadem à la presse, en marge des travaux du conseil national du FLN qui s'est déroulé il y a deux jours à l'hôtel El Aurassi à Alger. Le secrétaire général de l'instance exécutive du premier parti d'Algérie aurait donc, si l'on se réfère à ses propos, perdu toute ambition au point qu'il renoncerait même à «driver» le gouvernement. On a bien du mal à le croire. A moins que l'actuel patron du Front de libération nationale, à mots à peine voilés, n'ait envoyé le signal d'une «retraite politique» prématurée. Une hypothèse qui est peut-être pour le moment à écarter tant le personnage a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de redressement qui l'a finalement conduit à la tête du vieux parti. Mais voilà, le FLN semble souffrir de l'absence d'un leader charismatique et incontesté. Cette thèse a été écartée d'un revers de la main par l'actuel secrétaire général du parti. «Il n'y a pas de conflit ni de guerre de position au sein de notre formation politique», a déclaré Abdelaziz Belkhadem. Le patron du FLN a multiplié ce type de déclarations depuis de nombreux mois. Qui veut-il convaincre et qui pourrait encore le croire? Plusieurs tentatives de fronde l'ont prouvé. Les neuf mouhafadhas qui n'ont pas encore été renouvelées l'attestent. «Nous sommes en train de gérer la situation», a lancé laconiquement M.Belkhadem. Pour le moment, les conflits perdurent. Ils couvent. Et au FLN lorsqu'ils débordent cela peut faire beaucoup de vagues. Une tornade. Ne gère pas le FLN qui veut. Le Front de libération nationale est un parti unique. Certains secrétaires généraux et non des moindres en connaissent un bout, à l'instar de Abdelhamid Mehri, Boualem Benhamouda...L'ex-chef de gouvernement semble plutôt faire contre mauvaise fortune bon coeur. Et s'il n'y avait pas cette échéance électorale majeure, la présidentielle 2009, les signes de la contestation qui ont secoué le FLN depuis de nombreux mois, auraient de fortes chances de se transformer en coup d'Etat scientifique. Le congrès extraordinaire du parti qui a été reporté à plusieurs reprises, n'aura finalement pas lieu. Cela sera-t-il suffisant pour que Abdelaziz Belkhadem se maintienne à sa tête? L'argument est tiré par les cheveux. Les jours de Abdelaziz Belkhadem en tant que secrétaire général du FLN sont-ils comptés? Si c'était le cas, pas avant l'élection présidentielle d'avril 2009. Cela ferait désordre pour un parti qui a apporté son soutien officiel à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Il y a comme de la fébrilité dans l'air que le secrétaire général du FLN a du mal à cacher. Une situation paradoxale qui semble plutôt le mettre mal à l'aise. «Lorsque nous serons majoritaires au gouvernement, nous appliquerons notre programme», a lancé M.Belkhadem aux participants des travaux du conseil national de son parti. Abdelaziz Belkhadem, malgré la prédominance de sa formation politique qui détient la majorité certes relative au sein du Palais Zighoud-Youcef, n'a pas pu imposer son empreinte à la scène politique nationale. Le poste de Premier ministre qui aurait dû lui revenir en tant que première force politique du pays, lui a claqué dans les doigts. Abdelaziz Belkhadem ne semble pas vouloir s'en remettre au point de déclarer: «Vous savez très bien que la fonction n'a plus de grande importance depuis le 12 novembre dernier.» Voilà qui fera plaisir à son rival de toujours, Ahmed Ouyahia. A moins que le FLN n'ait tout simplement abandonné toute prétention à gouverner, lui qui a régné sans partage depuis l'indépendance de l'Algérie.