Le parcours en bus du centre-ville de Blida à El-Affroun s'apparente à un véritable calvaire avec un nœud gordien : la station de Chiffa. En effet, au départ, une première épreuve attend les voyageurs, d'abord au point d'arrêt (à Bab Essebt) du minibus qui assure la navette Blida-Chiffa. Un véhicule vétuste, toujours bondé qu'ils devront attendre sous la pluie et le froid, l'hiver (faute d'abri), et dans lequel ils s'engouffreront difficilement. Faute de bus direct du centre-ville comme c'était le cas par le passé, aujourd'hui, le bus Blida - El-Affroun assure la ligne à partir de Ouled Yaïch à El Affroun et Hadjout, les voyageurs obligés d'emprunter cette première navette, devront attendre à Chiffa un autre bus pour les destinations de Mouzaïa, El Affroun ou encore Ahmer El Aïn, Bourkika ou Hadjout. Au premier arrêt de Chiffa, chaque jour, c'est une foule d'hommes et de femmes aux abois qui courent vers les bus déjà chargés en provenance de l'agence routière d'Ouled Yaïch quand ils marquent un arrêt. Chaque bus ne s'arrête que pour laisser monter rarement plus de deux personnes, soit les plus rapides, les plus lestes, les plus énergiques, autant dire les plus jeunes. Le reste attend contrarié, humilié, malheureux. L'attente peut durer deux, trois heures, notamment en fin d'après-midi. Trois heures pour trouver le moyen de faire le parcours de 6 km pour atteindre Mouzaïa, 12, pour El-Affroun. Un jeune étudiant en sport nous a avoué qu'il lui est déjà arrivé de faire le trajet à pied : “J'arrive plus vite avec mes baskets !” nous a-t-il déclaré avec le sourire. Des ouvriers et ouvrières d'El-Affroun, confrontés à cette misère quotidienne nous ont fait part de leur mécontentement. Ils déplorent le manque de navette qui assurerait la liaison entre Chiffa et El-Affroun. : “L'après-midi, en tout cas, et le soir, surtout, la ligne serait rentable pour les propriétaires des bus.” D'autres évoquent avec nostalgie les taxis collectifs qui assuraient le trajet El-Affroun - Blida, Mouzaïa - Blida : “Rapides, propres, sûrs et dont la place revenait à peine plus cher que le bus”, une aubaine pour les chauffeurs de taxi qui “travaillaient” bien, et “un bon moyen de voyager dignement”. Pour l'heure, une solution doit être trouvée pour le point d'engorgement de Chiffa qui donne à voir, à partir de 16h, notamment, l'image de toute la détresse, la misère des usagers du transport interurbain de la partie ouest de la wilaya de Blida.