L'Hesnawi d Ççix (El Hesnaoui, le Maître) est le titre d'un ouvrage que vient de mettre sur les étals des librairies le jeune Ajgu Abelqas et pour lequel celui-ci aura consacré plus de deux ans d'ardues recherches, avec l'autorisation de la famille, selon l'auteur. Dans cet ouvrage, on y trouve pour les uns, retrouve pour les autres, du Cheikh El Hasnaoui au complet. Le mérite surtout c'est que toute l'œuvre poétique du Maître y est étalée et traduite en français par ce jeune auteur. Transcrites en amazigh (alphabet latin conçu par le regretté écrivain Mouloud Mammeri), les paroles du répertoire poétique de Ççix El Hesnawi y sont fidèlement reprises pour le plaisir des amateurs du maître et dont l'ouïe, à l'audition, n'arrive pas à saisir les mots que parfois “submerge” le son mélodieux accompagnant la rime typique à la langue de Mammeri. Ajgu y traduit donc page contre page les poèmes du kabyle vers le français, ce qui facilite beaucoup la lecture et la compréhension des mots auxquels est imprimée la magique mélodie du timbre vocal de Cheikh El Hesnawi. Ajgu Abelqas rapporte dans son ouvrage la quasi-totalité de l'historique de la vie de ce Maître “vénérant” la femme de sa région dont il connaît et décrit jusqu'à l'intime souffrance engendrée par la séparation prolongée d'avec son homme, émigré (l'ghurva). L'auteur a par ailleurs publié dans son ouvrage une lettre de Mme Denise Khelouat, l'épouse française de Ççix El Hasnaoui, destinée aux organisateurs de manifestations culturelles sur ce chanteur, décédé “chez lui”, à Saint-Pierre, en Réunion, territoire d'outre mer français, le 6 juillet 2002. Il y est enterré et avait alors 92 ans. Dans sa lettre, Denise Khelouat expliquait qu'“avant de venir à la Réunion, Cheikh El Hasnaoui avait laissé sa mandole dans son appartement de Nice (métropole française). M. Mahfoufi, que tout le monde connaît, est venu le voir (le cheikh) à la Réunion et a tout fait pour le récupérer, mais (depuis), on n'a plus de nouvelles de ce monsieur”, regrette la rédactrice. Ajgu Abelqas souligne dans son ouvrage que le répertoire de Cheikh El Hasnaoui chez Sacem (maison d'édition française), contient exactement 74 chansons (37 en kabyle et 37 en arabe populaire). Le vrai nom patronymique du Maître est Mohammed Khelouat. El Hasnaoui, son nom de chanteur, se rapportait à son village natal, Hasnaoua (Tizi Ouzou). À la lecture de l'ouvrage, l'on pourrait constater tout le mérite de l'auteur pour ce sérieux travail. Par ailleurs, un dossier d'une fondation portant le nom du Cheikh est d'ores et déjà confectionné par des membres de la famille de Cheikh El Hasnaoui (Khelouat) en vue de protéger le patrimoine et l'œuvre du Maître. Actuellement, ces derniers se préparent activement pour célébrer le centenaire du Cheikh du 21 au 24 juillet prochain à la maison de la culture de Tizi Ouzou en collaboration avec l'APW, la direction de la culture, l'APC, l'ODEJ (Office des établissements de jeunes) et les comités de village des Ihasnawen, notamment Tahzibt, village natal du cheikh.