Un mot d'emprunt est un mot en provenance d'une langue étrangère et qui s'implante dans le champ sémantique d'une langue autre. Cela se produit lorsque deux langues sont en contact directement et d'une manière historique. Avec l'intensification des nouveaux rapprochements entre les peuples, les emprunts se fond de plus en plus nombreux. L'emprunt se justifie lorsqu'il y a un besoin de compensation utile et nécessaire particulièrement dans les domaines scientifique, technique et économique. Même dans ce cas, il y a lieu d'acclimater les mots empruntés au code de la langue emprunteuse. Il y a donc l'emprunt utile et l'emprunt inutile. Mais le recours excessif à l'emprunt peut nuire à la langue réceptrice. En effet, les emprunts injustifiés et démesurés transforment la langue réceptrice en une langue d'imitation dont l'avenir expressif est condamné à terme. De plus, les emprunts superflus renferment des prétentions idéologiques inquiétantes et envahissantes car souvent ils ne sont pas circonscrits au seul besoin de compensation. Ils deviennent producteurs dans la chaîne verbale et nominale ce qui, inévitablement, affecte et trouble la structure de la langue. Il se produit alors une rupture dans la création car chaque langue est un système qui fonctionne à part. Des linguistes considèrent même que “lorsqu'un taux d'emprunts dépasse 10%, on parle alors d'au moins deux langues distinctes dans une seule”. Pour illustration, en 1066 la langue anglaise a, non seulement perdu du terrain face à langue française dans les domaines politiques, économique, administratif et juridique, mais celle-ci a été adoptée officiellement au Parlement du Royaume. Il a fallu la deuxième guerre de Cent ans (1337 – 1453) pour que la langue anglaise soit rétablie dans les droits que nous lui connaissons aujourd'hui. Voilà pourquoi le remplacement d'un mot d'emprunt par un mot d'origine, lorsque celui-ci existe naturellement dans le champ sémantique, signifie restitution de la libre expression dans la mesure où chaque langue est une expression particulière de la vision du monde et que chaque mot naturel exprime une façon générale de penser, d'observer, de raisonner, de décrire et d'analyser. Cependant, il faut certes se départir et renoncer aux attitudes néfastes comme le purisme excessif. Cela ne signifie point aussi qu'il faille se soustraire ou s'opposer à l'action nécessaire du progrès, à l'exemple de la communication internationale. De plus, une langue ne peut vivre en autarcie. L'intention étant de ne pas refuser l'innovation tout en protégeant les processus de renouvellement naturels d'une langue alors seuls garants de sa continuité. A. A. [email protected]