La surcharge des maternités, les difficultés à procéder réellement au dépistage précoce du cancer du sein et de la prise en charge efficiente des femmes qui en souffrent et l'abandon de plus en plus tôt de l'allaitement maternel par les mamans algériennes ont nourri les débats d'un séminaire à Blida. Deux journées de formation sur l'amélioration des prestations de service dans les PMI et les maternités, destinées aux sages-femmes, exerçant dans la wilaya de Blida, animées depuis hier par des experts invités par l'Observatoire algérien de la femme et l'Académie de la société civile algérienne à l'hôtel militaire de la ville des Roses, offrent une tribune pour mettre à nu la surcharge des maternités, les aléas du suivi de la grossesse et les contraintes liées au dépistage des cancers féminins, particulièrement celui du sein. D'emblée, le directeur de la santé et de la population (DSP) de la wilaya a reconnu que l'Algérie est loin des normes de l'OMS en matière de prise en charge dans les maternités, en raison de la surcharge de ces structures. À titre d'exemple, il a indiqué que sur les 22 000 bébés, enregistrés chaque année à l'état civil de la ville de Blida, plus de la moitié nait dans le service gynécologie obstétrique de l'hôpital Benboulaïd. Après l'exposé du Dr Djeraba, gynécologue, sur l'utilité de la préparation psychologique à l'accouchement, notamment pour la primipare, son collègue le Dr Oukid a regretté que les parturientes ne bénéficient que très rarement de ce soutien. “La maternité est saturée. Dans ce cas, il n'est pas possible de faire de la préparation à l'accouchement, car on pare à l'urgence”. Il a rappelé, à ce propos, que le taux de natalité est en hausse, puisqu'il passe de 1,7 à 2 enfants par couple, à raison de 500 000 à 800 000 naissances vivantes par an, depuis 2008. Le Dr Oulemane Soumia, cancérologue et sénologue, a réservé son intervention au dépistage précoce du cancer du sein. 7 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, dans le pays, dont plus de la moitié à un stade avancé. Ce qui provoque le décès, annuellement, d'environ 3 500 femmes. “Encore, les chiffres ne sont pas fiables, car l'incidence du cancer du sein est sous-estimée en Algérie”, a alerté la praticienne. Elle a affirmé qu'en la matière, le pays souffre du manque de structures de soin et de prise en charge spécifiques, de l'insuffisance de services spécialisés et du déficit de personnel qualifié. Afin de repérer le cancer à son début et de pouvoir, en conséquence, le guérir, le Dr Oulemane a suggéré de mettre à contribution, dans le programme de dépistage précoce, le réseau des 10 000 sages-femmes opérationnelles sur l'ensemble du territoire national. Elle a estimé que ces auxiliaires de la santé sont aptes à procéder à un examen clinique (palpation des seins chez des femmes qui viennent consulter dans les PMI), d'informer sur les facteurs de risque et éduquer sur l'autopalpation. “Tous les jours, des femmes porteuses de cancer du sein se présentent aux PMI pour autre chose. Il ne faut pas les laisser partir avec leur cancer” a-t-elle conseillé. Réda Merazka, délégué à l'information médicale au laboratoire belge Fasska, a présenté un exposé sur la nutrition du bébé au sein et au biberon. Il a commencé par citer les bienfaits nutritionnels sur le développement psychomoteur du bébé de l'allaitement maternel, abandonné de plus en plus tôt. Il est avéré qu'uniquement 10% des mamans algériennes nourrissent exclusivement leurs bébés au sein jusqu'à l'âge de six mois. Il a informé qu'une étude, réalisée conjointement par le CHU Mustapha-pacha et le CHU Bab El-Oued, a révélé que les raisons du sevrage sont liées à la reprise du travail par la mère, la lactation insuffisante, la prise de médicaments, les problèmes de tétée, la satiété insuffisante et le déficit pondéral du nourrisson. À partir de là, il a fait la promotion du lait infantile, produit par le groupe qui l'emploie.