Quand l'hôpital est contraint de trier ses malades, pour ne soigner que les cas les plus désespérés, de faire appel à des généralistes pour donner un coup de main aux pédiatres dépassés, c'est qu'il y a urgence. Le service de pédiatrie de l'hôpital de Bordj Bou-Arréridj est saturé. Ce n'est, certes, pas une nouveauté. Mais la situation prend des proportions alarmantes qui inquiètent parents et médecins. Quand l'hôpital est contraint de trier ses malades pour ne soigner que les cas les plus désespérés, de faire appel à des généralistes pour donner un coup de main aux pédiatres dépassés, c'est qu'il y a urgence. Pis, des consignes ont été données pour éviter au maximum les hospitalisations, accélérer, par contre, les sorties et surtout renvoyer les malades vers les hôpitaux voisins ou ceux des autres wilayas limitrophes, Sétif, M'Sila, Constantine, Batna… qui, eux aussi, n'ont pas pu absorber ces nouveaux flux. Mieux encore, des enfants sont hospitalisés dans des services pour adultes. Ce que dénoncent les praticiens de santé. “Hospitaliser un enfant dans un service autre que celui de la pédiatrie peut causer plus de mal que de bien au jeune patient et au personnel soignant. Ce qui est carrément inhumain et très loin des normes les plus élémentaires”, dira un médecin. “Nous ne sommes pas protégés sur le plan médico-légale”, ajoute-t-il. En plus, les médecins rappellent qu'un service pour adultes ne peut offrir les soins adéquats ou réagir correctement devant une urgence en pédiatrie. “Sinon, pourquoi il y a cette spécialité ?” relèvent-ils. “Je ne suis pas tant surpris par la saturation que par son ampleur mais, c'est le fruit d'une politique d'amenuisement des moyens. Il faut maintenant que l'Etat intervienne mais, dans tous les cas, il lui sera difficile de reculer en raison des problèmes et des coûts des transferts”, dira un médecin. Il existe pourtant des solutions. Les spécialistes de la santé et les responsables locaux les connaissent. Il en est qui doivent être mis en place à court terme. D'autres à plus long terme et ces derniers passent par un impératif de taille : que le ministre de la Santé fasse une pause dans la campagne pour la grippe porcine et en profite pour donner son accord, officiel et définitif, pour la construction d'un hôpital avec un service de pédiatrie plus grand. “La population justifie pleinement la construction d'un autre hôpital et ce qui se passe est un argument de plus. Le vécu montre qu'il y a un besoin urgent et qu'il faut donc accélérer la concrétisation du projet”, dira un élu de la nation. Tout en ajoutant qu'il ne suffit pas de changer le carrelage d'une structure hors du temps ou de repeindre les murs pour que les conditions de prise en charge soient meilleures. Dans l'urgence, une extension s'impose pour accueillir ce flux. “La création d'un autre hôpital ne peut être qu'un atout. La question qui se pose : doit-il être général avec plus de lits ou spécialisé avec moins de lits ? C'est en tenant compte du recensement et des prévisions de la population qu'on pourra maîtriser le flux. Une chose est sûre toutefois, Bordj Bou-Arréridj a besoin d'une nouvelle structure hospitalière pour les enfants et dans l'urgence. Il est temps de penser à inscrire au programme un hôpital pédiatrique et il faut mener une réflexion profonde quant au développement du service de pédiatrie. À rappeler que la wilaya de Bordj Bou-Arréridj compte une population de plus de 646 576 dont 179 324 âgés de moins de 15 ans et pas moins de 14 921 naissances en 2008. En 2020, la population passera à 750 157 habitants. C'est-à-dire que dans moins de dix ans la population actuelle connaîtra un accroissement de plus de 16%.