De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili L'hôpital pédiatrique de Constantine devrait réceptionner dans un très proche avenir un service de chirurgie pédiatrique. Des personnes proches du projet annoncent son ouverture dans la quinzaine de jours à venir, c'est du moins ce qui ressort des propos attribués à N. Dameche, le directeur de la santé de la wilaya. Jusque-là tout semble relever de l'ordre normal des choses pour une ville qui va se doter, à juste titre pour ne pas dire juste reconnaissance, d'un service pédiatrique dont la vocation et les objectifs assignés vont lever bien des difficultés vécues par une jeune population. Sa conception «cousue main», serions nous tenté de dire, a été faite selon les vœux exprimés par le Pr Boussouf et ce, d'autant plus que c'est l'œuvre d'une architecte qui n'est autre que son épouse. Par voie de conséquence, la répartition des blocs administratif et médical, de la réception et de toutes les autres annexes a été agencée de manière à faciliter dans la plus grande harmonie toutes les fonctionnalités. Le service de chirurgie pédiatrique pour ne pas dire son premier responsable a bénéficié, semblerait-il, d'un certain privilège dans la mesure où le nombre de lits prévus dans la nomenclature officielle est de l'ordre de 40. Or, cette nouvelle réalisation est appelée à en accueillir 90. Le transfert du service des lieux où il est actuellement implanté devrait par voie de conséquence permettre la libération de près de deux étages dont l'un devrait être judicieusement exploité par le Pr Allas, autorité médicale avérée non seulement pour sa compétence mais surtout pour l'intérêt qu'il accorde à ses patients et les efforts consentis pour l'amélioration du séjour… en fait la prise en charge sur tous les plans de l'enfant et de sa maman, parce qu'il s'agit souvent d'enfants âgés d'à peine six mois. Ce transfert, qui ne devrait souffrir d'aucune contrainte, fait face, toutefois, aux atermoiements du chirurgien sus-évoqué, lequel, au-delà de la nouvelle structure dont il a bénéficié, envisagerait de garder les anciens locaux sans qu'une explication soit donnée quant à leur nouvelle vocation. Gêné, même le conseil médical ne sait quelle attitude adopter pour ramener la raison au sein de la maison et faire en sorte que seuls les patients gagnent dans un bras de fer qui ne dit pas son nom. De son côté, persuadé de pouvoir s'installer plus à l'aise et surtout de matérialiser un projet qui lui tient à cœur depuis des années, à savoir celui de créer un service d'hémodialyse pour enfants, le Pr Allas, qui dispose déjà d'un matériel acquis grâce à son entregent, a littéralement obtenu l'assurance d'être doté de ce qui reste par la fondation Baxter (ce qui a déjà été fait avec un pays maghrébin voisin). Une visite du service au cours de la matinée de dimanche dernier nous a permis de constater l'ampleur de la détresse des mères «hospitalisées» avec leurs enfants insuffisants rénaux alors qu'ils sont âgés de moins d'une année. Le drame n'en devient alors que plus inique dès lors que les services d'hémodialyse «adultes» refusent ou acceptent difficilement d'inclure ces enfants dans les séances consacrées aux patients âgés jugés parfois… prioritaires. A la question de savoir si le service a enregistré des décès parmi les enfants, le Pr Allas dira sans hésiter : «Malheureusement, oui, et nous restons impuissants face à une telle situation. Alors que, pris en charge à temps, même l'hémodialyse peut être évitée ou du moins, un jour, suspendue grâce à l'implantation.» Bâti sur deux niveaux, le service de chirurgie pédiatrique abrite quatre blocs opératoires, 18 box de réanimation, ce qui laisse comprendre que 18 interventions peuvent être réalisées quotidiennement pour peu que le personnel idoine soit disponible, des chambres individuelles et parfois aménagées selon que le patient-enfant nécessite la présence de sa mère, et a coûté la bagatelle de 8 milliards de centimes. Le directeur de l'hôpital pédiatrique avec lequel nous avons tenté de prendre attache était momentanément absent (en mission). La même démarche n'a pas été fructueuse avec le directeur de wilaya de la santé dont le programme, selon sa secrétaire, serait chargé et ne pouvait nous recevoir qu'au cours de la journée d'aujourd'hui (mercredi dernier). En tout état de cause, selon les informations que nous avons glanées ici et là au niveau même de l'hôpital N. Dameche, le directeur de la santé aurait exigé en urgence l'ouverture du service de chirurgie pédiatrique et donc forcément celui d'un service d'hémodialyse tant il connaît l'importance et les capacités du Pr Allas de le faire fonctionner dans les meilleures conditions pour le bien de centaines d'enfants, issus de toutes les wilayas de l'Est, en danger de mort pour ne pas dire de survie dramatique. Nul ne peut disconvenir de la nécessité de prendre en charge la santé des Algériens pour la seule et simple raison que l'Etat met tous les moyens pour ce faire. Toutefois faudrait-il alors que les hommes du corps médical mettent de côté leurs états d'âme et songent pour une fois à respecter le serment d'Hippocrate et au moins ce partiel engagement : «Dans toute la mesure de mes forces et de mes connaissances, je conseillerai aux malades le régime de vie capable de les soulager et j'écarterai d'eux tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible.»