Selon une étude confidentielle du cabinet conseil américain, Algérie-Télécom doit revoir sa stratégie pour échapper à la déroute. La stratégie actuelle d'Algérie-Télécom est-elle la bonne ? Pour le cabinet conseil en stratégie, Mc Kenzie, la réponse est non. Il y a quelques mois, le cabinet américain, de renommée internationale, a établi un rapport détaillé sur la gestion et la stratégie de l'opérateur historique algérien qu'il a remis gracieusement au PDG et aux managers du groupe public de téléphonie algérien. Les conclusions du rapport sont sévères : pour survivre à l'arrivée de la concurrence, Algérie-Télécom doit revoir la totalité de sa stratégie actuelle, jugée peu fiable, voire dangereuse, pour l'avenir du groupe. Car, selon Mc Kenzie, la vente prochaine de la troisième licence GSM algérienne à un opérateur étranger menacerait sérieusement l'avenir de l'opérateur public. Déjà, l'arrivée sur le marché de l'opérateur égyptien Orascom avait mis Algérie-Télécom en grande difficulté. Grâce, notamment, à sa formule prépayée, Djezzy est passé devant AMN, en nombre d'utilisateurs. Une situation inédite dans le monde, où les anciens monopoles ont souvent conservé une longueur d'avance sur les nouveaux arrivants. Par ailleurs, les projets de l'opérateur historique peinent à décoller. Lancée il y a quelques années, la mise en place des 500 000 nouvelles lignes GSM connaît un retard considérable. Les autres projets de l'opérateur dans l'Internet et la téléphonie, fixe et sans fil, sont également en souffrance et la restructuration du groupe est loin d'être achevée. Le lancement tardif de cartes prépayées, une technologie pourtant très facile, témoigne de cette incapacité de l'Algérie de s'adapter facilement aux évolutions du marché. “Certes, c'est toujours difficile pour un ancien monopole d'affronter une situation concurrentielle nouvelle. On l'a vu en Europe : la libéralisation des marchés des télécoms et de l'Internet s'est faite parfois dans des conditions douloureuses et difficiles pour les opérateurs historiques qui ont perdu des parts de marché face à leurs concurrents, mais Algérie-Télécom connaît des problèmes plus graves qui ne sont pas liés seulement à la déréglementation dans le secteur des télécoms en Algérie. Comme beaucoup d'entreprises publiques algériennes, elle n'est pas préparée à affronter la concurrence, surtout quand elle vient de l'étranger. Or, le gouvernement doit maintenant choisir : ou laisser l'opérateur public se développer seul, au risque de disparaître, ou l'aider en lui donnant de vrais moyens pour affronter la concurrence, très dure dans ce secteur”, explique un spécialiste, qui a requis l'anonymat. Dans son rapport, classé confidentiel, Mc Kenzie préconisait un certain nombre de mesures urgentes qu'Algérie-Télécom devrait prendre, dans les meilleurs délais, pour échapper à la déroute. Mais, les recommandations du cabinet américain auraient été rejetées par Messaoud Chettih et ses conseillers. N. L.