Il a commis, samedi passé, son quatrième constat à la galerie d'art Gaïa, à Alger. Ce constat particulier est composé de tableaux. Une vingtaine d'œuvres ornent les murs de ce havre de la culture. Un lieu dédié aux jeunes talents versant dans l'art moderne. Dès que le seuil de la porte est franchi, vous être surpris par le bruissement de la paille. Oui, une paille couleur or jonche le sol. Une manière de se distinguer, de revenir aux sources : la terre. “Je ne veux jamais faire quelque chose de classique. En cherchant, je m'étais rendu compte qu'il y avait plusieurs sortes de paille”, confiera-t-il. Cette exposition est le quatrième volet d'une série d'expositions, qui a débuté dans les années 1990, intitulée “Constat”. À travers cette exposition, l'artiste Karim Sergoua établit son quatrième constat artistique “dans tous les domaines et il est amer”, avouera-t-il. Toutefois, il n'y a pas que du négatif. À travers ses vingt-neuf toiles, il rend hommage au patrimoine algérien, aux personnes qu'il a côtoyées, en vie ou disparues, connues ou inconnues. Il rendra hommage à sa famille artistique. À travers le tableau Anissa, c'est un clin d'œil à Anissa, Ahmed et Selim Assellah ; pour que nul n'oublie. Fidèle à son style et à sa technique, il tentera de valoriser le patrimoine traditionnel relatif aux croyances et aux légendes. Parmi elles les deux œuvres dédiées à Sidi Yahia, l'un des saints patrons de la ville d'Alger, et ce, à travers des stèles en bois (acrylique sur bois). Il y a aussi P'tit Naâ Aïcha (acrylique sur bois, une poupée peinturlurée, collée sur une planche en bois), la fille de Sidi El-Kebir, le saint patron de la ville des Roses (Blida), considérée comme la déesse gnaouia, dont le mausolée est visité, jusqu'à aujourd'hui, par les femmes célibataires (pour le mariage) ou nouvellement mariées (pour la fécondité). Côté technique, le plasticien a eu recours à l'acrylique soit sur toile, soit sur bois. Côté couleurs, c'est toute une palette qui est offerte aux visiteurs. Toutefois, le marron et le jaune prédominaient, et ce, dans toutes leurs nuances. Sur le plan thématique, mis à part l'hommage au patrimoine traditionnel algérien, Karim Sergoua a abordé l'identité algérienne à travers le symbole et lewchem (motif). De fil en aiguille, ou de toile en toile, une histoire se tisse, se peint. C'est d'un pays, l'Algérie, en général. Celle d'un individu vouant un amour fou, aveugle sans borne à cette Algérie meurtrie dans sa chair. Cette Algérie qui a perdu beaucoup de ses artistes. Certains exilés, d'autres oubliés, d'autres morts. Il aborde, à travers deux toiles Madame A et Wlad el Moukan'ssa, ses déboires et ceux de certains enseignants de l'Ecole supérieure des beaux-arts, au quotidien. “Constat 4”, flirtant avec l'expressionnisme, le figuratif et l'abstrait, attire par la multiplicité des œuvres, les couleurs chaudes ainsi que la surcharge de la symbolique. Laquelle symbolique est plus qu'apparente. Le visiteur n'a pas besoin de chercher, de creuser pour déterrer le sens. Tout est dans le clair-obscur. C'est dit sans être dit. Les yeux constatent. Le cœur qui raconte, vide son sac, se soulage. “Constat 4”, de Karima Sergoua, jusqu'au 28 mars 2010 à la galerie Gaïa (13, lotissement Saïd-Hamdine - Hydra - Alger).