Photo : Mahdi I. Karim Sergoua réussit à marquer le monde de l'art grâce à son habileté, son authenticité, sa fougue, sa quête permanente de l'esthétique et de l'originalité. Cette combinaison de dévouement et de talent l'a conduit à atteindre la cime des honneurs. L'exposition picturale et plastique « Constat 4 » en est la preuve. Ce prodige fait des étincelles avec des œuvres qui savent si bien flirter avec le passé et le présent. Sa riche expérience démontre que la hiérarchisation des couleurs reflète la créativité de cet artiste, dans la manipulation des tons, pour les rendre plus belles, plus expressives, et afin de véhiculer mieux le message au public. Entre authenticité et modernisme, Karim Sergoua affirme que l'art en général et la peinture en particulier peuvent évoluer dans le futur, grâce au soutien que leur procure le développement de ce secteur. C'est à la galerie Gaïa qu'il a investit à sa manière, singulière, en hommage à Anissa Asselah, pendant plusieurs jours (13 /28 mars) qu'il parle de sa dernière exhibition artistique qui ne ressemble pas aux autres. D'où d'ailleurs à la demande des avertis, l'expo qui a remporté un franc succès a été prolongée jusqu'à ce dimanche 4 avril, en attendant la prochaine, en pleine ébullition, qui aura lieu en plein été… «Constat 4» est l'intitulé de votre exposition à la Galerie Gaïa. A quoi renvoie ce titre ? Il faut savoir que j'ai déjà réalisé trois expositions à partir de ce thème. Les deux premières expositions sont présentées dans les années quatre vingt dix en France. La troisième est réalisée en 2005 à Alger. Cette quatrième s'inscrit dans l'esprit de continuité aux précédentes expositions. Vous dites que vous traitez dans vos œuvres de thèmes qui gravitent autour de la société, de son évolution sociologique, artistique, économique et politique. Ne pensez-vous pas que vous donnez une autre dimension à des œuvres artistiques ? En effet, il y a un double langage. Une interprétation artistique et une autre dénonciatrice. Seulement, je n'impose pas ma vision aux autres, je laisse la liberté aux regardeurs d'en faire leur propre lecture. Vous avez déclaré dernièrement lors du vernissage de cette exposition que vous regrettez qu'il n'y ait pas assez d'espace pour l'expression artistique, notamment les arts vivants. Voudriez-vous revenir sur ce point ? Les galeries d'art sont des lieux consacrés à l'art donc libres. Je regrette que dans les galeries d'art, l'artiste soit astreint d'obéir à des critères non fondés. A cette occasion, je tiens à remercier Melle Hania Bougherbal, responsable de la galerie Gaïa, de m'avoir fait entièrement confiance. Elle ne m'a pas conditionné dans mon travail. Dans quelques jours seulement nous célébrons le mois du patrimoine à partir de ce 18 avril, et comme dans vos œuvres, vous parlez de l'identité et du patrimoine culturel, quel regard portez-vous sur notre patrimoine aussi bien matériel qu'immatériel et partagez vous l'avis de ceux qui disent qu'il est menacé de déperdition ? Notre patrimoine est menacé de déperdition. J'appelle à la conservation du patrimoine matériel et immatériel de la résistance nationale ainsi que celle du patrimoine populaire. La protection et la sécurisation du patrimoine est une nécessité. Elle constitue une donnée fondamentale pour la pérennisation d'un pan de l'histoire et de l'identité nationale longuement et savamment façonnée par les précédentes générations depuis des millénaires. C'est un pas décisif dans la prise de conscience collective sur l'intérêt à accorder à ce secteur. C'est aussi un acte civilisationel à travers lequel est restituée l'identité culturelle nationale pour la pérennité d'un héritage historique porteur de riches enseignements. Sauvegarder le patrimoine contribue au façonnage du mode de vie quotidien de la société dans tous ses détails. A l'entrée de la galerie Gaïa, la paille recouvre le sol. Expliquez nous cette scénographie ? C'est un besoin technique et artistique. Il s'agit de susciter des questionnements, des émotions. La paille symbolise également la fragilité de l'expression artistique. Le peintre glorifie et sublime les éléments et les objets du quotidien pour nous montrer des beautés que l'on n'admire plus. Karim Sergoua, vous êtes un célèbre plasticien qui aime se démarquer des autres artistes, est-ce un besoin artistique où c'est plutôt pour satisfaire votre égo ? Il est vrai que je veille à avoir ma propre touche artistique. C'est pour moi tel un besoin artistique et aussi pour faire plaisir à mon entourage. Cela me procure une énorme joie et un grand bonheur de penser aux autres. Où en est votre projet, celui d'organiser une autre exposition dont le nom «El Papa» ? C'est un projet que je prépare depuis quelques temps. Cette exposition intitulée «El Papa» aura lieu ces jours ci à Alger, juste après la période de la Coupe du Monde. Dans cette exposition, je mêle diverses disciplines de l'art, littérature, peinture, musique, théâtre, déclamation poétique, une sorte d'espace culturel de partage, de communication et de transmission.