“C'est le politique qui décide et c'est le gestionnaire qui paye !” Cette phrase est de Karim Mahmoudi, président de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC). Intervenant, hier à l'occasion de la remise du prix de probité national baptisé Mahieddine-Lahrache (ancien DAF de Constantine assassiné), organisée chaque année par sa confédération, M. Mahmoudi déplore la pression exercée actuellement sur les cadres nationaux à la faveur des affaires de corruption portées sur la scène publique. “Beaucoup de cadres sont actuellement malades et stressés, ont le diabète et l'hypertension artérielle”, dit-il sur le ton du regret. “Ce n'est pas parce qu'il y a de la corruption que tous les cadres sont corrompus”, fait-il remarquer. À ses yeux, “il faut que les politiques assument leurs erreurs, car ce sont justement ces politiques qui décident. Les cadres et les gestionnaires ne doivent pas payer pour les politiques et pour ce qu'ils n'ont pas fait”. Interrogé sur l'affaire de corruption de Sonatrach, actuellement en justice, M. Mahmoudi, qui a d'entrée fait observer que “Sonatrach a été toujours gérée politiquement, et n'a jamais été gérée sereinement”, n'en pense pas moins qu'il est tout autant question d'un problème de gestion. “Il y a mauvaise gestion de Sonatrach, c'est clair !” dit-il en substance tout en revendiquant que “ceux qui ont volé doivent rendre compte à la justice mais dans la sérénité et dans le calme”. “Il ne faut pas qu'il y ait pression sur la justice ! Il faut que la justice soit soustraite à toute forme de pression pour que les magistrats fassent leur travail à l'aise”, dit-il, avant de lancer : “Nous voulons une justice neutre.” Plus fondamentalement, de son avis, “Sonatrach sent un règlement de compte interclans”. Plus précis, M. Mahmoudi pense que “ceux qui sont à l'origine de cette fuite devaient réfléchir doublement aux effets négatifs, c'est-à-dire à l'image de marque du pays et de déstabiliser cette compagnie à la veille du congrès mondial du gaz à Oran”. Et de revenir à la charge : “On aurait souhaité que l'instruction se fasse conformément aux lois, il faut punir les gestionnaires indélicats mais il ne faut pas déstabiliser des cadres avant qu'ils ne soient jugés conformément aux lois.” Ce faisant, M. Mahmoud revendique à ce qu'“on encourage toute œuvre de salubrité publique”. “On l'a déjà dit, depuis trois années : on a dit qu'il y avait de graves problèmes de gestion, de surfacturations, malheureusement dans les jours à venir, il y aura d'autres révélations plus graves encore”, dit-il. Ce disant, “nous devons faire la part des choses entre la gestion d'un règlement de compte politique par délégation et la sagesse, c'est-à-dire laisser la justice enquêter en toute sérénité”, note-t-il avant d'expliquer qu'“il faut faire la part des choses entre les cadres honnêtes et les cadres malhonnêtes. Quoi qu'il en soit, hier la Confédération a honoré “des cadres qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes”, a indiqué M. Mahmoudi devant un important parterre de cadres. Chalabi Kheireddine, 40 ans d'exercice dans les impôts, considéré comme étant le père de la TVA en Algérie, ainsi que Meguellati, qui a été directeur financier à Sonelec, cadre à la Cour des comptes et expert financier ont été les deux cadres honorés hier par la fédération.