Quelques mois à peine après l'opération d'aménagement extérieur dont elle a bénéficié, la cité Souidani-Boudjemaâ (ou cité des 80-Logements) pâtit de la dégradation de ses espaces verts, au grand dam des habitants révoltés par le laisser-aller et l'absence de civisme, en cause dans ce gâchis impuni. Le gazon piétiné a disparu par endroits, de jeunes plants d'arbres ont été arrachés pour le plaisir de la destruction, par jeu : “normal !” Des locataires nous ont fait part de leur impuissance et leur découragement, sur fond de grande déception : “Nous intervenons chaque fois que nous surprenons un enfant ou un jeune en train de détruire ce qui a été planté pour notre bien ; mais dès que nous avons le dos tourné, la nuit principalement, le massacre se poursuit. La preuve, vous l'avez devant les yeux. Cela fait vraiment mal au cœur !” Révolté par le saccage des espaces verts, un habitant de la cité s'est vu répliquer par un colocataire : “el gazon yekhlef !” (le gazon repousse !) – un verbe fréquemment employé, de nos jours, pour justifier la taille abusive d'un arbre. En fait de repousser, le gazon, à un endroit précis, avait carrément disparu. Ce quartier en chantier, et dont la verdure était inexistante au début de l'été dernier, a été métamorphosé, il y a six mois, grâce aux aménagements (de type urbain) récréatifs et d'agrément qui y ont été réalisés en vue de l'amélioration du cadre de vie : aire de jeux, trottoirs, dallage, bitumage, éclairage public et espaces verts. Malgré de bonnes volontés animées par le souci du respect de l'environnement et celui de la protection d'un acquis, le processus de dégradation suit son cours. Outre le fait que le réseau vert n'ait pas été préservé, la question de son entretien (du moins de ce qu'il en reste) se pose. Des habitants de la cité se sont dévoués, un temps, pour arroser à l'aide de jerrycans que certains faisaient descendre du 4e étage, les plants et pousses de gazon. Des allées et venues pour un résultat négligeable, d'autant que l'eau manque parfois, que les bonnes volontés finissent par s'émousser et que la coordination manque.Un citoyen du quartier qui parlait de culture citoyenne avait préconisé l'emploi de jeunes chômeurs qui assureraient la fonction de “gendarmes permanents” au sein des cités. Ils veilleraient à l'hygiène, à la préservation des espaces publics, au respect des espaces verts… moyennant une rétribution. La loi spécifique à la gestion, la protection et le développement des espaces verts, promulguée en 2007 par le gouvernement, n'a pas bénéficié d'une bonne vulgarisation ; d'où son manque d'application sur le terrain, le laisser-aller, l'absence de participation citoyenne dans l'amélioration du cadre de vie… Dans la cité en question, l'entreprise en charge du projet d'aménagement extérieur avait procédé, un temps, à l'arrosage des jeunes plants d'arbres et du gazon. À qui cette charge (qui s'élargirait, aussi, à la taille, au binage, à l'arrachage des mauvaises herbes…), incombe-t- elle, en fait, se demandent les habitants qui n'ont pas tous la vocation de jardinier ? En revanche, ils ne doivent pas ignorer le rôle important des espaces verts sur la santé, l'amélioration du cadre de vie des populations et celui de la préservation de l'équilibre écologique et climatique. Il faut savoir qu'à l'échelle internationale, la norme en matière d'espaces verts est de l'ordre de 10 m2 par habitant… Quoi qu'il en soit, ce projet de loi — s'il venait à être appliqué sur le terrain — prévoit des peines d'emprisonnement allant de six à douze mois et des amendes de 50 000 à 100 000 DA pour quiconque se rendrait responsable de la dégradation des espaces verts et de l'arrachage de jeunes plants. Pour l'heure, la formation du citoyen à une culture environnementale, sur la base d'une sensibilisation à différents niveaux (école, mosquée, medias, associations…) paraît urgente, compte tenu des dégâts systématiques que l'on relève ici et là. Le mal allant en empirant. Sans conscience. Et sans sanction.