Un véritable verrouillage a été opéré au niveau de la commission de candidature, sciemment noyée dans une foule d'autres commissions sans réel impact sur le déroulement du congrès ou le destin du parti. Au dernier jour du 9e congrès du FLN, l'ambiance a pris des volts de plus de tension. Et pour cause, au moins 11 wilayas se sont retrouvées avec deux délégations se disputant les listes des candidats au comité central. La bataille a duré tard dans la soirée de samedi avec des empoignades. C'était le cas de la wilaya d'Oran ou les délégués des deux camps en sont venus aux mains pour trancher le litige autour de la liste. Dans la journée, c'était au tour d'une délégation d'El-Oued de chahuter la plénière pour réclamer son droit au vote que lui a interdit la délégation rivale. Belkhadem a dû intervenir fermement pour calmer les contestataires. “Allez voter où El-Oued ne sera pas représentée au comité central”, leur a-t-il intimé. Le problème, selon des membres de cette délégation, est que les autres ne les ont même pas laissé entrer pour voter. Ils se décident enfin à aller “tenter” l'urne. Auquel cas, ont-ils promis, ils vont revenir perturber la plénière. Ces délégués, selon les rumeurs des couloirs, sont taxés de rouler pour l'ancien président de l'APN, Amar Saâdani, poussé vers la porte du FLN. Le véritable verrouillage opéré se situe au niveau de la commission de candidature, sciemment noyée dans une foule de commissions sans réel impact sur le déroulement du congrès ou le destin du parti. Et quand bien même l'urne tranche facilement la question des six candidats dont obligatoirement une femme, Belkhadem garde le dernier mot. C'est lui qui aura à choisir seulement parmi les six, trois membres qui siègeront au comité central. La liste sera complétée avec trois personnalités choisies par la base. Qu'est-ce qui explique alors cette course frénétique pour un siège au comité central ? Sur ce plan, elle rappelle les ambiances des échéances électorales. Et l'option, médiane, de Belkhadem de satisfaire tout le monde à la base, en permettant aux camps opposés d'être présents au congrès, dans un souci de calmer les esprits et de colmater la faille, n'a pas donné le résultat escompté malgré l'assurance qu'offre le dernier barrage que constitue, en dernier ressort, la décision de Belkhadem concernant les membres du CC. Une garantie – filtre qui pourrait éjecter les “élus-intrus” de l'autre camp. Cela n'a pas laissé insensibles ses fidèles qui, en sourdine, lui reprochent d'avoir été aussi souple avec “les autres”. Il a pourtant bien expliqué qu'il n'était pas question de marginalisation ou d'exclusion de quiconque. Une attitude conciliante que ne semblent pas partager “les radicaux”. Sauf que toute cette hystérie risque d'être sans conséquence étant donné tous les filtres qui entravent les ambitions de cette multitude de candidatures. En plus du siège octroyé de facto à une femme, la famille révolutionnaire, particulièrement les moudjahidine qui bénéficient de l'option privilège et de la caution du président Bouteflika qui a mis en avant trois catégories : les jeunes, les femmes et les moudjahidine. La matinée est ainsi passée sur le mode de bataille du placement des listes, ce qui fait qu'en début d'après-midi, alors que les commissions s'affairaient à boucler les projets de résolutions, l'opération de vote des membres du CC n'était pas encore achevée. Dans une salle presque vide, des délégués se relaient devant le micro, dans une sorte de rituel absurde, pour évoquer leurs préoccupations. Chacun évoque son sujet, comme au parlement, souvent sans lien aucun avec le congrès. Les élus locaux, la jeunesse, l'emploi, le code communal… même la sensibilisation autour de la crise financière mondiale y passa. Le but est évidemment de maintenir la troupe éveillée (la fatiguer également par la même occasion) en attendant les résolutions. Finalement, à la pause, dans l'après-midi, les élections des membres du conseil national ont pu se terminer. Mais la reprise de la séance ne s'est pas faite à l'heure prévue. Le contrôle des candidats élus a pris du temps, cela d'autant qu'il s'agit de vérifier et de valider les 288 sortis des urnes et dont seule la moitié aura à siéger au conseil, l'autre moitié constituera la réserve, c'est-à-dire les suppléants, en plus des 144 désignés qui doivent avoir l'aval de Belkhadem. Alors que la nuit commençait à tomber, la séance n'a toujours pas repris et personne n'était en mesure de donner une explication. Pas même le porte-parole du congrès pourtant bien stipulé dans l'article 4 du règlement intérieur du congrès mais qui n'a pas été nommé.