Devant la pression des congressistes, Menasra n'avait d'autres alternatives que celle de jeter l'éponge et laisser ainsi la voie libre à Soltani pour un deuxième mandat à la tête du MSP. Vendredi. 15h. Coupole du 5-Juillet d'Alger. Abdelmadjid Menasra, candidat à la présidence du Mouvement de la société pour la paix (MSP), concurrent de Abou Djerra Soltani à ce poste monte à la tribune. “Je retire ma candidature de la présidence du mouvement”, a-t-il déclaré sous le regard ébahi de ses partisans. “Je voudrais que ceux qui ont porté ma candidature à la présidence du mouvement comprenne ma décision. Je les remercie de m'avoir soutenu”, a-t-il expliqué pour réconforter ses soutiens. Mais le réconfort était surtout celui des congressistes, qui dans leur écrasante majorité avaient dès l'entame des travaux du 4e congrès de ce parti, membre de l'alliance présidentielle (MSP, RND et FLN), avaient plébiscité le candidat Abou Djerra Soltani à la tête du MSP. En effet, en dépit de la noria d'arguties initiées par les partisans de Menasra tout au long des trois jours du congrès, les congressistes étaient fixés sur leur choix. L'entrée, en effet, de Abou Djerra Soltani dans la grande salle du congrès a été accueillie par une ovation ininterrompue des congressistes qui scandaient son nom. L'accès du candidat du mouvement à la salle était à ce sujet très difficile compte tenu d'une foule compacte qui voulait le saluer. Un autre argument plaidait en faveur du plébiscite de Abou Djerra. La foule scandait des slogans en faveur de son élection à la tête du mouvement. “Nahnah [le défunt président du mouvement, ndlr] tu peux partir tranquille, les clés du parti sont entre de bonnes mains, celles de Abou Djerra”. Toutefois, et en dépit du verdict du congrès, les soutiens et partisans du candidat Menasra avaient estimé qu'ils pouvaient renverser les choses en leur faveur. Comment ? En faisant fi de la décision du congrès en faveur du Majliss Echoura (conseil consultatif). Ce qui veut dire que les supporters de Menasra comptaient à l'occasion du congrès porter la candidature de leur favori à la tête du mouvement en décrétant le Majliss Echoura comme étant l'instance habilitée à élire le président du MSP. C'est en tout cas cette démarche qui a empêché le déroulement des travaux du congrès dans les temps prévus. C'est ainsi que tout au long de la journée de mercredi dernier à l'issue de la séance d'ouverture, le congrès était en stand-by. Jeudi, les travaux de ces assises ont connu un ralentissement considérable en raison du refus de la salle de voir gérer le congrès par la commission de préparation du congrès qui a pris parti en faveur de Menasra. Même si l'écrasante majorité des congressistes voulait l'élection d'un bureau du congrès, les partisans de Menasra, qui se recrutaient dans la commission de préparation du congrès, ont revendiqué un vote à bulletin secret de cette proposition. Et ce sont les 1 400 congressistes qui sont passés un à un aux urnes pour dire non à la gestion du congrès par la commission de préparation du congrès. Ce vote a duré cinq heures. Ce ralentissement dans les travaux du congrès a fait que même le règlement intérieur du congrès, qui devait comprendre les modalités de fonctionnement de ce dernier, n'était soumis au vote qu'hier vendredi. Le fait qu'il ait été soumis au vote était en fait une revendication de la salle. Les congressistes avaient, en effet, souhaité faire tomber ce règlement intérieur compte tenu de sa provenance. Il s'agit d'une proposition des membres de la commission de préparation du congrès, tous élus par le Majliss Echoura, lequel soutient Menasra. Faire passer un tel règlement intérieur pouvait exposer les congressistes à un danger. La commission de préparation du congrès même écartée de la gestion de celui-ci pouvait trouver une parade à travers l'adoption du règlement intérieur tel que souhaité par le Majliss Echoura pour faire passer Menasra président du MSP. “C'est pour donc éviter ce cas de figure que les congressistes avaient préféré passer encore une fois aux urnes”, note un congressiste au fait des rouages du parti. Lors du vote à bulletin secret sur le règlement intérieur du congrès, il y avait la mise en évidence d'une tendance lourde : l'écart entre Abou Djerra et Menasra se creusait davantage. En effet, 400 voix séparaient les congressistes en faveur du règlement intérieur et ceux en sa défaveur. En décodé, vendredi matin, il y avait un écart de 400 voix entre les soutiens de Abou Djerra et Menasra. Ce n'est qu'à cet instant que les deux tendances avaient pris la mesure des choses. Et face à cette donne, la tendance Menasra a eu une réaction. Les membres du bureau du congrès en la faveur de ce candidat ont essayé de provoquer des blocages. “Une fois que les choses ont commencé à s'éclairer, les soutiens de Menasra, au sein du bureau du congrès, ont fait des blocages et tenté de pourrir les choses pour désespérer les gens”, note un responsable du parti. En guise d'exemple, il citera la proposition selon laquelle que c'est au congrès d'élire le président du mouvement et non pas au Majliss Echoura. “Alors que les congressistes voulaient dans les trois-quarts que ce soit le congrès dans toute sa souveraineté qui s'exprime par rapport à la modalité de l'élection du président du mouvement, des membres du bureau du congrès proches de Menasra refusaient de voir cette réalité en disant non à la salle”. Cette situation de blocage visible a provoqué la démission de sept membres du bureau du congrès compte tenu du statu quo dans lequel certains autres voulaient la maintenir. Et c'est cette situation ajoutée au fait que les dés étaient pipés pour lui que Menasra avait décidé de jeter l'éponge juste après la prière du vendredi. Le retrait de Menasra va permettre une accélération des travaux du congrès qui devaient se clôturer normalement hier vers 22h avec la réélection de Abou Djerra à la tête du MSP. À suivre. NADIA MELLAL