Pour marquer de son empreinte le sommet arabe qui se tient à Syrte les 27 et 28 mars, Kadhafi propose une force de maintien de la paix arabe. Le leader libyen prépare le sommet arabe qui devrait se tenir incessamment chez lui en Libye. Kadhafi entend, cela va de soi, imprégner de sa marque cette rencontre, bien qu'il lui soit difficile de mettre au pas ses pairs arabes, tout aussi expérimentés que lui dans la politique politicienne. Qu'à cela ne tienne, le père de “la révolution verte” et du pouvoir populaire n'abandonne pas pour autant son ambition de faire de la rencontre son sommet. D'abord, un grand coup de publicité. Kadhafi va jusqu'à placer la barre haut, dans un contexte arabe des plus délétères, et ses dirigeants se regardent plutôt en chiens de faïence. Tripoli a appelé les pays arabes à la création “d'une force arabe de maintien de la paix” et à octroyer au Conseil arabe de paix et de sécurité des compétences exécutives ! Le secrétaire aux affaires arabes au comité populaire général libyen des relations extérieures et de la coopération internationale, Omran Boukraa, a souligné, au cours d'une réunion du Conseil de la paix et de la sécurité à Syrte au centre de Libye, en marge des préparatifs du vingt-deuxième sommet arabe prévu les 27 et 28 mars dans cette cité qu'affectionne Kadhafi, l'importance du rôle dévolu au Conseil dans le règlement des conflits et différends interarabes et dans leur gestion de manière à éviter aux Arabes tous les obstacles qui pourraient entraver la stabilité et le développement. Du déjà entendu, et pour faire preuve d'originalité, la Libye prône un pouvoir exécutif à ce conseil qui n'est que consultatif. Bonjour les dégâts dans une organisation arabe qui a continué de fonctionner comme une sorte de syndicat de chefs d'Etat malgré les bouleversements qui se sont produits de par le monde et les évolutions opérés au sein des sociétés arabes. Kadhafi ne s'est pas demandé pourquoi ce conseil est négligé par ses pairs, lesquels, comme lui, n'envisagent pas de lâcher un pouce de leur pouvoir. Et puis, depuis qu'il existe, ce conseil n'a pu régler aucun des différends, divergences, tensions et conflits interarabes. Non pas en raison de compétence, mais en l'absence de conviction des membres de la Ligue arabe dans leur capacité à se rassembler au moins sur l'essentiel, le plus vital pour les sociétés arabes. Pour appâter, Kadhafi s'engage à mettre la main dans sa poche pour dynamiser le Conseil de la paix et de la sécurité arabe. Juré promis, il mobilisera tous les fonds nécessaires pour ses activités en vertu de sa foi à l'endroit de la nécessité pour les Arabes de compter sur eux-mêmes dans le règlement de leurs problèmes et conflits. En réalité, Kadhafi tend la perche à ses pairs à travers ce dossier. Son sommet va s'épuiser sur des questions procédurières et d'organisation puisque la modernisation de la Ligue arabe est restée un vœu, mettant de côté les questions aussi cruciales que l'assistance aux Palestiniens abandonnés aux appétits insatiables d'Israël, que même le flamboyant Obama ne peut pas arrêter. Embourbée dans ses contradictions et luttes de chapelle, discréditée chez les populations arabes et à l'internationale, la Ligue arabe s'est défaussée sur Washington pour la question palestinienne. C'est tout dire.