Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, a présidé, jeudi, la cérémonie des journées d'étude consacrées à la vie et l'œuvre du grand théologien ibadite, cheikh Abi Ibrahim Tfyèche. Etalées sur deux jours, les 25 et 26 mars, et organisées à Béni Izguène. L'ouverture s'est faite en présence de l'ambassadeur d'Oman en Algérie, du grand mufti d'Oman, cheikh Ahmed Benhamed El Khallili, M. Yahi Fehim, le wali de Ghardaïa ainsi que des invités de Tunisie, de Libye, d'Oman et de Tanzanie. Il est à souligner que tout naturellement, Halquat El Azzaba (assemblée des notables ibadites), l'assemblée des âami Saïd (autorité religieuse suprême de la communauté ibadite) et l'assemblée d'El Kouri (autorité suprême seule habilitée à prendre des décisions ou à engager la communauté ibadite sur le plan politique) ont assisté à cette cérémonie. Le ministre des Affaires religieuses s'est longuement attardé sur les qualités du cheikh, tant religieuses que politiques et intellectuelles. Il a beaucoup mis en exergue les vertus et qualités morales du cheikh qui s'est totalement dévoué pour l'enseignement de l'Islam, enrichissant notamment le patrimoine ibadite par ses nombreux ouvrages, recueils et textes, léguées pour la postérité. Ce qui d'ailleurs devrait faire le sujet principal du panel d'universitaires et de chercheurs présents, à travers des communications très attendues. Rappelons que cheikh Abi Ibrahim Tfyèche est né en 1888 à Béni Izguène, l'un des sept ksars de la vallée du M'zab. Ayant appris le saint Coran dès l'âge de 10 ans, il partit en Tunisie en 1917 où il s'établit longuement pour entamer des études de théologie au sein de la prestigieuse zaouïa Ezzitouna de Tunis, sous la conduite du cheikh Taher Ben Achiour. Il marqua aussi son passage dans ce pays par sa contribution active à la création du parti tunisien Eddoustour, dont il fut l'un des historiques fondateurs. Inlassable défenseur des peuples opprimés, il s'éleva de diverses manières contre le colonialisme français, qui de guerre lasse l'expulsa manu militari d'Afrique du Nord, le contraignant à l'exil en Egypte. Indomptable et inlassable, il continua à militer par diverses actions. Auteur prolifique, il laisse derrière lui une riche bibliothèque composée de recueils, textes, ouvrages, traitant tant des questions religieuses, notamment la jurisprudence que des essais sur des sujets politiques de l'époque. Il rendit l'âme en 1965 en Egypte où il est enterré jusqu'à ce jour. Ne serait-il pas temps de ramener les restes de cet immense génie pour l'enterrer dans le pays de ses ancêtres pour lequel il avoué toute sa vie ?