Les difficultés rencontrées par les détaillants de produits étrangers pourraient s'aggraver si le gouvernement donne suite à une proposition visant à limiter davantage les prix de certains produits (essentiellement les produits alimentaires) afin de ralentir l'inflation et de protéger les producteurs locaux. L'année 2009 fut marquée par des marges plus serrées, une baisse des ventes et des clients moins nombreux dans le secteur de la vente au détail en Algérie, alors que de nombreux consommateurs à revenu moyen ressentaient les effets de la crise. C'est du moins ce que pense Oxford Business Group (OBG). En 2009, plusieurs facteurs ont affaibli le secteur. En effet, alors que les marchés d'exportation du pays se contractaient et que le taux de chômage augmentait à la suite de la récession mondiale, les consommateurs algériens ont réduit leurs dépenses. Ainsi, en 2009, les ventes ont chuté de plus de 10%. En outre, l'inflation rampante a eu un impact : les prix à la consommation sont passés en moyenne de 4,4%, en 2008, à 5,7%, en 2009. Dans certains cas, l'augmentation a été même plus vertigineuse. Par exemple, les produits agricoles ont progressé de 20,5% et les biens manufacturés, quant à eux, ont augmenté de 3,4% au cours de l'année. Bien que tous ces éléments aient eu des conséquences sur la vente des produits de consommation courante, ce sont les petits revendeurs qui ont été les plus fortement touchés. Le commerce à grande échelle a connu une croissance au cours des dernières années avec la construction de divers centres commerciaux. Néanmoins, le secteur de la vente au détail est toujours dominé par des magasins de plus petite taille. En outre, la part du marché informel représente près de 40% de l'ensemble des échanges, un taux qui croît considérablement en dehors d'Alger. “La culture du "shopping", alliée à un nombre important de riches Algériens, laisse entrevoir de bonnes possibilités pour le secteur de vente au détail de qualité à Alger”, estime OBG, en faisant remarquer qu'au fur et à mesure que le marché évolue et que l'économie se redresse, les Algériens prêtent progressivement de plus en plus attention aux marques. “Bien que le secteur de la vente au détail soit un domaine nouveau en Algérie, la population est exposée aux normes de vente étrangères, par le biais d'Internet, de la télévision et d'autres médias, et s'attend, par conséquent, à des normes élevées”, a déclaré à OBG Alain Rolland, le directeur général de la Société des centres commerciaux d'Algérie (SCCA). Du coup, OBG affirme qu'une sensibilisation croissante aux marques incitera les investisseurs à s'intéresser davantage à la création de nouveaux centres commerciaux. Oxford Business Group note le développement de projets de centre commercial à Alger, et plusieurs autres centres devraient voir le jour dans d'autres régions du pays. Le cabinet londonien cite entre autres la construction du centre Bab-Ezzouar, situé dans un quartier du même nom – le nouveau quartier des affaires de la capitale – qui a débuté en juillet 2006. Le promoteur, la SCCA, inaugurera le centre d'une valeur de 58 millions d'euros durant le premier trimestre de 2010. Le centre offrira 31 000 m2 d'espace de boutiques et de loisirs, dont un hypermarché de 7 000 m2 et un cinéma. L'espace de vente a été entièrement réservé à diverses boutiques de marques prestigieuses dont Lacoste, Nike, Swatch et Mango. Outre ce vaste espace réservé au shopping, le centre offrira 20 000 m2 de bureaux et un parking souterrain d'une capacité de 850 places. Pour autant, Oxford Business Group relève le manque d'intérêt des investisseurs étrangers dans le secteur de la vente au détail en raison de divers facteurs. “Les difficultés rencontrées par les détaillants de produits étrangers pourraient s'aggraver si le gouvernement donnait suite à une proposition visant à limiter davantage les prix de certains produits (essentiellement les produits alimentaires) afin de ralentir l'inflation et de protéger les producteurs locaux”, estime OBG. Un autre obstacle que les grands projets doivent surmonter lors de leur compétition avec les magasins locaux à plus petite échelle est la facilité d'accès. Pour l'heure, la tradition, l'accès, le niveau de revenu et le manque d'intérêt des investisseurs étrangers sont autant de facteurs qui ralentissent le taux de croissance des projets de centres commerciaux à grande échelle.