Venus de plusieurs wilayas du pays et en particulier de Tizi Ouzou et de Béjaïa, des délégués des citoyens qui avaient remis leurs armes dans les années 1990 aux autorités compétentes ont annoncé la naissance d'une coordination nationale pour la restitution des fusils de chasse. Réunis avant-hier au niveau de la wilaya de Bouira, avec le député Ali Brahimi, les délégués ont planché sur la nouvelle stratégie de nature à faire aboutir leur revendication, “la restitution de leurs armes”. Ainsi, ils ont proclamé la naissance de leur coordination. Celle-ci est organisée autour d'une présidence annuelle et tournante. Le président de la coordination est assisté de plusieurs vice-présidents qui seront chargés de la mobilisation des citoyens concernés. Lors des débats, des délégués de certaines wilayas ont dénoncé la politique du deux poids, deux mesures appliquée par les pouvoirs publics dans la gestion de l'opération de restitution des armes dans certaines régions. À titre d'illustration, des participants ont rappelé que dans la wilaya de Béjaïa qui compte un nombre de 1 372 fusils déposés en 1993, seuls 97 fusils ont été restitués en 2010, et ce, sur des critères non encore déterminés. À Souk Ahras, l'Etat a restitué quelque 900 armes. Pour eux, les raisons de sécurité ne sont plus de mise. “Il y a des associations de chasse qui organisent des parties de chasse et des abattages de sangliers, à qui on a délivré des autorisations d'achat d'armes. Le commerce des armes et des munitions de chasse est actuellement libre. Ils nous demandent de nous constituer en groupe de GLD pour avoir droit à un fusil de chasse, alors que nous demandons la restitution des nos biens.” Pour Ali Brahimi, “l'histoire de création des groupes de GLD n'est autre chose qu'une fuite en avant pour contourner la loi”. Selon les délégués, “plusieurs démarches ont été effectuées auprès des autorités politiques et sécuritaires locales et nationales, mais elles n'ont pas permis de déterminer avec exactitude le centre en charge de la décision sur ce dossier”. Les intervenants ont souligné que la demande de la restitution d'armes ne peut être interprétée comme une demande déguisée de désarmement des patriotes. D'ailleurs, certains patriotes et moudjahids revendiquent eux aussi la restitution de leurs propres fusils de chasse. Rappelons que l'opération de mise en dépôt des fusils de chasse remonte à octobre 1993 et a concerné 18 wilayas. Pas moins de 200 000 personnes avaient remis à l'époque leurs armes aux autorités sécuritaires à travers les brigades de gendarmerie et commissariats de police.