Plus de deux cents personnes se sont rassemblées, hier, devant le siège de la wilaya de Béjaïa pour réclamer les armes qu'elles avaient déposées auprès des autorités sécuritaires au début des années 90. Ces citoyens, dont les demandes antérieures n'ont pas abouti, ont eu recours, hier, à une action de rue pour interpeller les autorités. Ils étaient hier des centaines de personnes à venir occuper la rue de la Liberté, l'artère principale de la capitale des Hammadites, en organisant un rassemblement devant le siège de la wilaya pour exiger des autorités concernées la restitution de leurs fusils de chasse. Venus des quatre coins de la wilaya de Béjaïa, les citoyens protestataires ont procédé à la fermeture des deux voies de la chaussée à hauteur du siège de la wilaya, où un cordon de policiers a été dressé autour de la foule. Il est à noter que la majorité des manifestants est composée de personnes âgées, dont des anciens moudjahidine et des agriculteurs de la vallée de la Soummam. Aux alentours de 11 heures, une dizaine de personnes a été déléguée par la foule pour prendre contact avec le wali de Béjaïa. Ce dernier étant en congé, la délégation rebroussera chemin pour informer l'ensemble des manifestants de l'absence du premier responsable de la wilaya. Cette nouvelle ne tardera pas à soulever l'indignation générale au sein d'une foule déjà surchauffée par la chaleur torride de cette journée caniculaire. Ammi Tahar, un ancien moudjahid et handicapé physique, âgé de 79 ans, qui s'est déplacé de la commune d'Ouzellaguen, n'a pas pu retenir sa colère. “C'est honteux qu'on nous traite comme du bétail. ! Pourquoi ne veut-on pas nous restituer nos armes qu'ils ont confisquées depuis douze longues années ?” explosa-t-il. Après un brouhaha général qui s'en est suivi, il a été demandé aux membres de la délégation de revenir à l'intérieur de la wilaya pour rencontrer l'un des responsables habilités à parler au nom du wali. Une demi-heure plus tard, la délégation tant attendue par la foule sortira du siège de la wilaya pour faire un compte-rendu de leur entrevue avec le délégué à l'ordre public et à la sécurité (DOPS). Visiblement non satisfaits des explications qui leur ont été données par le DOPS, les manifestants ont décidé à l'unanimité de maintenir la pression en organisant chaque dimanche une action similaire devant le siège de la wilaya, et ce, jusqu'à aboutissement de leur revendication. Contacté par nos soins, le DOPS de Béjaïa a tenu à nous informer que “les membres de la délégation en question ont été bien reçus, et nous leur avons expliqué la procédure administrative à suivre pour récupérer leurs armes. Il suffit de se constituer en groupe de légitime défense (GLD), comme il est stipulé dans les instructions du ministère de l'Intérieur et du MDN, pour recouvrer son fusil de chasse”. Avant d'ajouter : “Nous ne pouvons pas fixer la date de restitution à quelqu'un de ces citoyens, mais une chose est sûre, c'est qu'ils auront tous leurs armes.” Pour rappel, ce fut durant l'année 1993 qu'un bon nombre de propriétaires de fusils de chasse de Kabylie avaient été contraints de déposer leurs armes auprès des brigades de la Gendarmerie nationale, après que des groupes terroristes ont recouru à des incursions nocturnes dans des villages pour délester les citoyens de leurs armes. Kamel Ouhnia