“J'aime bien le mot peinture, pour moi, dessinateur et peintre, ce n'est pas la même chose.” C'est avec ces mots que se définit l'artiste peintre Karim Meziani, un enfant des Aurès, né à Batna en 1957, et qui marque avec son empreinte la scène artistique française. “Le travail de Meziani se situe en marge de la peinture traditionnelle, même s'il en utilise les composantes, les poussant parfois à l'extrême. Cette marginalité se révèle à travers la sensibilité forte et contemporaine de cet artiste, lié à des traditions ancestrales et à une symbolique mystique où la poésie succède à la purification des couleurs”, avait écrit une critique française. Il est parti en France à l'âge de 16 ans. Il a étudié l'histoire de l'art, une démarche qu'il a qualifiée d'“artistique et grâce à laquelle l'œil se développe et l'esprit s'ouvre, puisque avant d'être peintre, il faut connaître l'histoire de la peinture et comprendre ses grands noms, De Vinci, Rembrandt, connaître ses écoles”. Sur ses débuts, Karim Meziani nous a confié : “Au début, on prend tout, puis on essaie de trouver sa place, ce qu'on peut apporter.” Karim Meziani a fait ses débuts avec une peinture qu'il nomme “peinture carte-postale”, parce qu'elle manque de créativité et se base sur des objets artisanaux de sa région et sur la reproduction de ce qui existait déjà. Car il a commencé avec la reproduction des tableaux, notamment de Nacer Eddine Dinet. N'étant plus satisfait de son travail, il a décidé de se lancer à la recherche de son propre style, de son identité artistique. À la recherche de Meziani ! Et c'est dans le bleu qu'il la trouvera. “C'est la couleur de la vie, entre ciel et terre, elle peut être violente ou apaisante, absorbante ou brûlante, etc.”, estime-t-il. Dans sa quête de trace et d'emprunte, Karim Meziani n'oublie pas ses origines et les met en valeur dans ses peintures. Ces anciens villages chaouis, les traditions et coutumes et même la femme chaouies sont toujours présents dans le travail de Karim Meziani. “La feuille d'or, c'est sacré et sa donne vie. Avant, les Auresiennes avaient des dents d'or, cela reflète la richesse, c'est très symbolique. La feuille d'or dans les tableaux, c'est pour donner beaucoup de valeur au sacré”, livre-t-il. Karim Meziani a entamé une exposition de ses nouvelles œuvres, la semaine dernière, en France (à Bordeaux, Nice et Lille), puis il fera escale à Londres avant de présenter son savoir-faire à Miami (Floride, Etats-Unis). Malheureusement, l'artiste qui s'inspire pourtant de l'Algérie, il n'a jamais exposé en Algérie. Il n'en éprouve pas encore le besoin de le faire, mais il serait sans doute intéressant de constater, par nous-mêmes, le talent de cet artiste.