Le populeux quartier des Planteurs a été le théâtre, hier et avant-hier, de violents affrontements survenus entre les habitants et les forces de sécurité. Les heurts, qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit de mercredi, ont repris tôt dans la matinée de jeudi. Deux accidents ayant causé la mort de deux habitants sont à l'origine de cette émeute. Les chauffeurs qui ont mortellement heurté les victimes ont réussi à prendre la fuite. Il n'en fallait pas plus pour ameuter une population déjà aux abois. Les accidents se sont produits en l'espace d'une heure au niveau du lieudit la Pépinière aux environs de 19 heures. Une sorte de folie furieuse collective s'est emparée du vieux quartier après la tragique disparition de deux personnes, dont une fillette. Déjà en proie au chômage et à l'exclusion, le quartier s'est transformé en champ de bataille rangé. Les forces de sécurité dépêchées sur les lieux ont été accueillies à coups de pierre. Les véhicules de la police anti-émeutes sont pris à partie par les contestataires en colère. Ils lancent des projectiles sur les représentants de l'ordre qui ne bronchent pas. Fortement quadrillé par les services de sécurité, le quartier bouillonne comme une marmite prête à exploser. “Nous avions pourtant attiré l'attention des pouvoirs publics sur l'absence des ralentisseurs seuls à même d'endiguer la fougue des chauffards criminels”, s'insurgent les protestataires. Ceux-ci ont procédé au blocage des principales rues serpentant vers ce gros village convulsif. Comme chaque fois qu'un accident mortel s'y produit, les riverains ont brûlé les pneus. “Nous en avons marre d'écrire des pétitions pour faire entendre nos voix. Il faut qu'il y ait mort d'homme avant que les autorités daignent réagir à nos appels”, lâchent-ils, indignés. Plusieurs accidents mortels ont été enregistrés à cet endroit fréquemment emprunté par les chauffards pressés. “C'est un raccourci en tuf que prennent les routiers pour leur éviter de faire un long détour à travers la ville mais qui se fait au détriment de nos enfants”, affirme les riverains, peinés. Cet accident, qui a provoqué l'ire de la population, sera finalement canalisé par les services d'ordre. Le calme est revenu progressivement dans ce bourg accidenté et surpeuplé. La promesse d'asphalter le long plateau poussiéreux de Ras El-Aïn est relancée par les autorités locales.