La Coordination des comités de villages de toute la région de Boghni, 50 km au sud de Tizi Ouzou, allant de Mechtras en passant par Assi Youcef jusqu'à Bounouh, ne semble pas près de s'essouffler par l'entêtement des ravisseurs de ammi Ali, enlevé le 22 mars dernier au lieu-dit Agouni-Mouh-Ouslimane, tout près de chez lui. On croit savoir que la première action n'a pas eu le résultat escompté, c'est-à-dire la libération inconditionnelle de cet octogénaire. Il semblerait que d'autres actions soient au menu. “Certes, nous sommes mobilisés pour arriver au dénouement de cette situation, mais il est tout de même temps que les services de sécurité, censés nous protéger, réagissent au plus haut niveau. Ce n'est pas seulement une affaire d'enlèvement, mais c'est surtout l'honneur de notre société qui est souillé par des criminels et autres. C'est le 43e enlèvement dans notre wilaya en l'espace de deux ans. Quatre au niveau de Boghni seulement et neuf au total dans toute la région”, nous a répondu un citoyen d'Ath Kouffi ayant participé à la caravane initiée par la coordination à Ighzer n'Chevel et Ath Ali au fin fond du massif forestier du Djurdjura. Notre interlocuteur affirme avoir vu les casemates trouvées dans cette partie de la montagne où il y a les restes d'ustensiles, de nourriture. Une preuve pour lui que les maquis, jadis utilisés par les éleveurs pour faire paître leurs bêtes, ne sont plus en sécurité si bien que leurs animaux ne sont plus lâchés dans la nature. Si on parle de paix retrouvée, ce n'est pas du tout ce qui se passe en Kabylie, notamment sur le versant sud de la wilaya où des personnes paisibles kidnappées, puis relâchées moyennant de faramineuses sommes d'argent dont profitent deux forces : le banditisme et les terroristes du GSPC qui alimentent des réseaux d'exploitation de ce butin de “guerre” à d'autres fins comme l'a révélé la dernière fois la presse au sujet de l'agriculteur à Boumerdès. Hier encore, la coordination, dans un autre ultimatum, a tenu à informer la population du statu quo tout en réitérant son appel aux ravisseurs de relâcher ammi Ali immédiatement car il n'est pas aussi fortuné qu'ils le croient. Cette mobilisation citoyenne, la seconde du genre dans la région de Boghni après celle qui a suivi le rapt du jeune commerçant l'été dernier, est une preuve irréfutable que les citoyens de Kabylie veulent vaille que vaille retrouver leur organisation sociale qui n'est autre que la djemâa, longtemps utilisée pour garantir aussi bien la paix que la justice sociale, quelque peu effritée ces dernières années par des luttes partisanes.