Des terroristes ont dressé une embuscade contre des agents de gardiennage sur une route des environs de Sidi Aïch. Déjà trois militaires ont été blessés dans l'explosion d'une bombe artisanale, en prélude à une opération de recherches des auteurs de l'attentat. Dans le versant opposé de la Soummam, l'armée menait, depuis le début du mois de mars, un grand ratissage entre Ighil Ali et les confins de Bordj Bou-Arréridj, au cours duquel quatre militaires ont été blessés. En janvier dernier, deux colonels, qui n'étaient pas nés de la dernière pluie en matière de lutte contre le terrorisme, avaient trouvé la mort près de Tazmalt. Il s'agit là de quelques sanglants repères d'effets de l'activisme terroriste sur une partie de la Petite-Kabylie. Hier, les militaires lançaient une opération dans le massif de Mizrana. Et sur les hauteurs de Boghni, des citoyens, réunis en coordination de villages, traquent des terroristes pour libérer un vieil homme que ses ravisseurs voulaient échanger contre une rançon. Il suffit d'agglomérer les faits de terrorisme et de contre-terrorisme qui rythment l'actualité de certaines régions pour mesurer la vanité de “la paix revenue” que tambourinent les infatigables adeptes de l'absurde “réconciliation”. Le discours de la réconciliation nationale, en masquant volontairement, et à des fins de simple propagande, la réelle situation sécuritaire, désarme la vigilance des catégories ciblées et facilite ainsi l'œuvre meurtrière des terroristes. Il paraît, en effet, que les victimes de l'embuscade de Sidi Aïch étaient d'anciens Patriotes convertis à la sécurité des sites et chantiers d'entreprises. On les imagine donc insouciants sur la route vers leur lieu de travail ou de retour au village, chantonnant ou faisant la causette dans leur fourgon qui, bientôt, se transformera pour eux en corbillard collectif. Il fallait la niaise conviction de la “paix revenue” pour que des résistants aguerris de l'Akfadou se laissent ainsi prendre dans un fourgon qui, probablement, chaque jour fait et refait le même trajet. Outre qu'il démobilise jusqu'aux premières lignes de la lutte antiterroriste, comme le prouve la mort absurde des deux colonels, le discours de la réconciliation camoufle aussi la réalité des activités terroristes. Comme la banalisation du racket sur de larges territoires, notamment dans la région de Boumerdès et la Kabylie. L'extorsion de fonds aux fellahs, entrepreneurs et commerçants y constitue une pratique permanente. On en veut pour preuve la mobilisation des villageois, du côté d'Azzefoun, il y a quelques mois, et de Boghni, actuellement, qui, lassés de ce rançonnement systématique, se voient contraints de s'organiser pour se défendre. Les communautés rurales, notamment, se voient, d'une certaine manière, forcées de refaire la démarche des années 1994 et suivantes, pour assurer leur autodéfense, parce que la politique dite de réconciliation venue briser l'élan de leur résistance les a livrés au diktat des groupes du coin. La réconciliation aurait échoué deux fois : dans sa conviction feinte de ramener le terrorisme islamiste à la raison et dans son objectif stratégique d'annihiler l'esprit d'autodéfense et de résistance. M. H. [email protected]