Les révélations successives des affaires de corruption de Sonatrach mettent à nu l'opacité et les dysfonctionnements du mode de gouvernance en Algérie. La position stratégique qu'occupe cette compagnie dans l'économie nationale et son rayonnement à l'échelle internationale font que ses scandales de nature politico-financière écorchent la crédibilité de l'Etat et nuisent dangereusement à l'image de marque de l'Algérie dans ses rapports aux partenaires étrangers dans le domaine économique. Ces questionnements sont rendus plus complexes du fait de l'absence d'une politique de communication du pouvoir et du silence sidéral de la classe politique. Alors ? Alors toutes les spéculations, toutes les supputations sont permises. Ces supputations vont jusqu'à associer l'assassinat du directeur général de la sûreté nationale aux affaires de corruption qui secouent le pays. Luttes de clans au sommet de l'état, luttes de succession et tant d'autres hypothèses des plus farfelues aux plus vraisemblables. Et pourtant, le président de la république, à travers son instruction relative aux impératifs de lutte contre la corruption, le premier ministre, à travers ses circulaires d'encadrement des modalités de passation des grands marchés publics pour prévenir toute malversation, n'ont pas suffi à faire taire les rumeurs et à apaiser l'angoisse qui s'est saisie de la société. Dans un tel contexte d'incertitudes, la presse apparaît comme le seul vecteur qui éclaire l'opinion publique sur les grands problèmes qui déterminent et engagent le devenir national. Elle le fait courageusement, et s'est sa mission en dépit des lacunes objectives qui sont les siennes. En vérité, et précisément aujourd'hui, le flot des révélations sur les affaires de corruption rapportées par la presse, presque quotidiennement, ne renseignent-elles pas sur le rapport qui peut exister entre la nouvelle orientation de la politique économique du pays, contenue dans la loi de finances complémentaire de 2009, et ses effets “boule de neige” qui tirent nécessairement vers le haut toutes les forces patriotiques, dans une dynamique de synergie des secteurs public et privé, animées par le seul intérêt national dans un contexte où la mondialisation impose aux plus fragiles les règles de l'économie et du commerce ? les remous provoqués par cette loi au sein des groupes de pression de l'intérieur qui agissent dans l'import-import, ainsi que les réactions de certains partenaires étrangers, qui s'assimilent, en fait, à une atteinte à notre souveraineté, sont une illustration parfaite des luttes d'intérêts qui agitent la scène politique et économique nationale. À l'évidence, nous sommes en présence d'une volonté politique de lutte contre la corruption qui s'affirme contre des “résistances internes” et les convoitises de forces extérieures. Le tout est de le dire ou de savoir le dire aux algériens.