De toutes les haltes qu'aura marquées Amar Tou, le ministre des Transports, lors de la visite de travail qu'il a effectuée avant-hier dimanche dans la wilaya de Mostaganem, c'est certainement le port mixte commerce-pêche, qui aura suscité la plus grande déception de l'hôte de la wilaya. Des embarcations de pêche qui bousculent et “harcèlent”, dans l'anarchie, de gros bateaux de commerce à quai, des opérateurs privés qui ne sont pas à jour en matière de conformité de leur concession spatiale dans l'enceinte du port, des bateaux de pêche, en panne, en instance de réparation ou carrément abandonnés alors qu'ils occupent inutilement de grands espaces en encombrant les quais, une certaine léthargie observée quant au recrutement de chauffeurs pour accélérer le transit des véhicules importés, des cadenas fermant les portes des magasins qui n'ont pas été décadenassés depuis 1962, pour reprendre les termes du ministre, il y avait certainement de quoi susciter le courroux du responsable national du secteur ! ‘'C'est vous qui avez contribué à l'entretien de l'anarchie et du désordre au sein du port !'', dira-t-il, en substance, au P-DG de l'entreprise portuaire, pris au dépourvu par un ministre qui s'attachait aux petits détails qui en disaient long sur la gestion de cette infrastructure. Et à ce directeur qui osera faire prévaloir ses 26 ans d'expérience au sein du même établissement, Amar Tou fera remarquer qu'en matière de gestion, une telle ‘'longévité'' professionnelle ne peut être qu'un handicap supplémentaire, car en autant de temps, tous les opérateurs et tout le personnel, du premier subalterne au simple ouvrier d'exécution auront toute la latitude de devenir le copain, voire l'ami du P-DG ! Encore une fois, l'infortuné patron local, subordonnant l'initiative à l'extension de l'infrastructure portuaire, sera pris à revers par le représentant du gouvernement quant à l'ouverture, tel que suggéré par Mme le wali, d'une gare maritime au port de Mostaganem. ‘'Il n'est pas question d'attendre cette extension ! Il faudra engager l'opération immédiatement, dès le commencement de la délocalisation de la flottille de pêche !'', insistera l'hôte de la wilaya. Ainsi, Mostaganem, ayant décroché l'accord de principe du ministre, devra se préparer à l'ouverture de lignes de transport de voyageurs par la voie maritime, à partir de l'été prochain. Mettant à profit sa visite dans la wilaya, le ministre des Transports s'est longuement attardé sur l'impact de la décision du désengorgement du port d'Alger par le transfert de l'activité “importation des véhicules'', confiée depuis octobre dernier aux ports de Jijel et Mostaganem. Une réaffectation des tâches qui aura été bénéfique à plus d'un titre, selon le responsable du département ministériel. Une décision qui aura permis au port de Mostaganem d'intensifier son activité, alors que celui de la capitale s'en est notablement soulagé, tout en épargnant les substantielles redevances, de l'ordre des 700 millions de dollars, dont ce port s'acquittait en raison de la mobilisation, en rade ou à quai, des navires attendant leur déchargement.