À plus d'une année de l'élection présidentielle égyptienne, qui ne verra probablement pas une nouvelle candidature de Hosni Moubarak en raison de son état de santé et de son âge avancé, le verrouillage a commencé au niveau du pouvoir, qui risque de connaître un duel entre Omar Souleymane et le fils du président Gamal, alors que l'opposition s'organise pour imposer sa présence. Le Caire a vécu mardi après-midi une violente répression de la manifestation réclamant la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981 en Egypte, annonciatrice d'un verrouillage du champ politique avant la prochaine élection présidentielle prévue en 2011, pour assurer une succession en douceur de Hosni Moubarak au sein du clan du pouvoir. Il est hors de question d'ouvrir la porte à l'opposition, laquelle est exclue d'office par les dispositions constitutionnelles, qui empêchent tout autre candidature que celles que présentera le Parti national démocratique dirigé par Gamal Moubarak. Un avant-goût de ce qui attend les opposants a été donné donc mardi à travers le matraquage en règle des manifestants, dont des dizaines ont été arrêtés. Les informations en provenance de la capitale égyptienne indiquent que plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées dans le centre-ville du Caire à l'appel du groupe du 6-Avril, un mouvement de jeunes Egyptiens créé en 2008 pour protester contre la vie chère et qui milite désormais pour des amendements à la Constitution et la levée de l'état d'urgence. Ils envisageaient de se rendre de la grande place Tahrir au Parlement, mais la police les en a empêchés. Il faut dire que les forces de sécurité ont mis le paquet pour étouffer la manifestation dans l'œuf, comme en témoigne cette déclaration du directeur du bureau au Caire de la chaîne satellitaire panarabe Al-Jazira, Hussein Abdel Ghani, qui a affirmé que ses cameramen avaient été fouillés et leurs films confisqués. Amnesty International a condamné les arrestations et la violence, faisant état dans un communiqué de l'“arrestation de 90 personnes au Caire pour avoir participé à des manifestations pour réclamer des réformes politiques”, tout en soulignant que “les manifestants réclamaient également la levée de l'état d'urgence imposé par le gouvernement depuis 29 ans, et utilisé pour réprimer les manifestations, la liberté d'expression et commettre d'autres violations des droits de l'homme”. Le directeur de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, Malcolm Smart, a appelé à “mettre fin à ces intimidations visant les militants de l'opposition et les détracteurs du gouvernement”. Par ailleurs, Ayman Nour, principal adversaire du chef de l'Etat égyptien Hosni Moubarak à la présidentielle de 2005, a annoncé le même jour une nouvelle campagne pour le scrutin de 2011, bien qu'il soit inéligible à la suite d'une condamnation. Le chef du parti Al-Ghad a vivement critiqué devant la presse le pouvoir en place, notamment “la volonté du président Moubarak de tout bloquer dans le pays et de vouloir installer son fils Gamal à sa place”. Faisant référence aux trois décennies au pouvoir du président actuel, il affirme : “Notre pays est occupé depuis 29 ans. Il est temps que le président Moubarak laisse la place aux nouvelles générations.” Pour rappel, lors de l'élection présidentielle de 2005, Ayman Nour avait obtenu 7,6% des voix à la première élection présidentielle pluraliste du pays, arrivant ainsi en seconde position après M. Moubarak, élu avec 88% des suffrages. Une marche avec une cinquantaine de personnes devant partir du centre-ville du Caire pour marquer le lancement de la campagne a rapidement été dispersée par les forces de l'ordre.