Maintenant qu'il est quasiment acquis que Hosni Moubarak, 81 ans, ne postulera pas à un autre mandat en 2011, son fils Gamal confirme les intentions qu'on lui prête de vouloir lui succéder, à travers un discours détaillant le programme du parti et du gouvernement pour les prochaines années. Malgré les nombreux appels de l'opposition dénonçant les risques d'une "république héréditaire", comme ce fut le cas en Syrie avec l'arrivée de Bachar Al-Assad à la place de son père Hafedh Al-Assad, l'Egypte semble se diriger progressivement vers une succession similaire. Le discours prononcé dimanche à l'occasion d'un congrès du Parti national démocratique (PND) égyptien au pouvoir, par Gamal Moubarak, confirme cette tendance. En effet, le fils du président égyptien Hosni Moubarak, qui est le secrétaire général adjoint du PND, a profité de cette opportunité pour peaufiner une image de successeur possible de son père. Bien qu'il n'ait pas formellement annoncé de candidature pour le scrutin prévu en 2011, Gamal Moubarak a détaillé le programme du parti et du gouvernement dans les domaines économique et social, tout en soulignant la nécessité pour les cadres du parti "de mieux expliquer à l'opinion publique notre politique" pour les années à venir. Sur un ton électoraliste, il annoncera : "Au cours de la prochaine période, le gouvernement va s'occuper tout particulièrement des pauvres, des veuves, des orphelins et des femmes qui assurent seules la charge de leur foyer." Même s'il n'a pas dit s'il se présenterait pour un sixième mandat ni s'il voulait passer le relais à son fils, Hosni Moubarak lui a apporté un soutien implicite samedi soir devant le congrès du PND, en saluant "les jeunes membres du parti (...) qui ont une vision claire de l'avenir du pays et proposent des idées nouvelles pour répondre aux réalités". Il y a lieu de signaler que des membres de l'entourage de Gamal Moubarak ont confirmé pour la première fois les ambitions de ce jeune politicien, le veut apparaître comme un cadre moderne soucieux de résultat plus que d'idéologie. Le Premier ministre Ahmad Nazif et le ministre des Investissements, Mahmoud Mohieddine, n'ont pas hésité à affirmer que "Gamal est un candidat possible" à la présidentielle de 2011. Il n'en demeure pas moins que Gamal Moubarak a refusé, lors d'une conférence de presse dimanche, de répondre aux questions des journalistes qui lui demandaient s'il comptait se porter candidat à la présidence en 2011. Cette situation inquiète au plus haut point l'opposition égyptienne, qui redouble d'activité pour proposer une alternative à ce qu'elle appelle une transmission "héréditaire" du pouvoir qui perpétuerait l'emprise du "clan" Moubarak. Cela intervient au moment où le débat bat son plein sur une proposition d'un journaliste égyptien de renom, Mohamed Hassanein Heikal, pour assurer "une passation sûre" du pouvoir au terme du mandat de Hosni Moubarak en 2011. Figure respectée dans les milieux politiques et intellectuels, Heikal préconise la mise en place d'une sorte de "comité de sages", destiné à préparer la voie à une véritable démocratie. Cette instance gérerait les affaires du pays durant une période transitoire de trois ans, au cours de laquelle devrait être élaborée une nouvelle Constitution. Ce comité pourrait comprendre des personnalités de premier plan, comme le puissant chef des services de renseignements, le général Omar Souleimane, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) Mohammed ElBaradei, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et le prix Nobel de chimie Ahmed Zouweil. Pour rappel, ElBaradei est courtisé par plusieurs partis d'opposition pour se lancer dans la bataille électorale, mais n'a pas encore fait connaître ses intentions, alors qu'Amr Moussa n'a pas exclu de déposer sa candidature.