« Je salue les jeunes membres du parti (...) qui ont une vision claire de l'avenir du pays et proposent des idées nouvelles pour répondre aux réalités. » Dixit Hosni pour Gamal. Le fils du président égyptien Hosni Moubarak, Gamal, a profité hier d'un congrès du parti au pouvoir pour peaufiner une image de successeur possible de son père, alors que l'opposition dénonce un risque de « République héréditaire ». Dans un long discours devant le Parti national démocratique (PND), dont il est secrétaire général adjoint, Gamal Moubarak, 45 ans, a pris une posture de présidentiable, même s'il n'a pas formellement annoncé de candidature pour le scrutin prévu en 2011. Présentant en détail le programme du parti et du gouvernement dans les domaines économique et social, il a souligné la nécessité pour les cadres du PND « de mieux expliquer à l'opinion publique notre politique » pour les années à venir. « Au cours de la prochaine période, le gouvernement va s'occuper tout particulièrement des pauvres, des veuves, des orphelins et des femmes qui assurent seules la charge de leur foyer », a-t-il lancé dans ce discours au ton volontiers électoraliste. Le fils cadet du président est considéré depuis plusieurs années déjà comme un successeur potentiel de son père, âgé de 81 ans et à la tête de l'Etat depuis 28 ans. Le président Moubarak lui-même n'a pas dit s'il se présenterait pour un sixième mandat ni dit ouvertement s'il voulait passer le relais à son fils. Il lui a toutefois apporté un appui implicite samedi soir devant le congrès du PND, en saluant « les jeunes membres du parti (...) qui ont une vision claire de l'avenir du pays et proposent des idées nouvelles pour répondre aux réalités ». Heikal, Moussa, El Baradei… Des proches du fils du président ont, de leur côté, pour la première fois, confirmé les ambitions de ce jeune politicien qui veut apparaître comme un cadre moderne soucieux de résultats plus que d'idéologie. « Gamal est un candidat possible » à la présidentielle de 2011, ont affirmé tour à tour le Premier ministre Ahmad Nazif et le ministre des Investissements, Mahmoud Mohieddine. L'opposition égyptienne, de son côté, redouble d'activité pour proposer une alternative à ce qu'elle appelle une transmission « héréditaire » du pouvoir qui perpétuerait l'emprise du « clan » Moubarak. Le débat bat son plein sur une proposition d'un journaliste égyptien de renom, Mohamed Hassanein Heikal, pour assurer « une passation sûre » du pouvoir au terme du mandat de M. Moubarak en 2011. M. Heikal, figure respectée dans les milieux politiques et intellectuels, préconise la mise en place d'une sorte de « comité des sages », destiné à préparer la voie à une véritable démocratie. Cette instance gérerait les affaires du pays durant une période transitoire de trois ans, au cours de laquelle devrait être élaborée une nouvelle Constitution. Ce comité pourrait comprendre des personnalités de premier plan, comme le puissant chef des services de renseignement, le général Omar Souleimane, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohammed El Baradei, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et le prix Nobel de chimie Ahmed Zouweil. M. El Baradei est courtisé par plusieurs partis d'opposition pour se lancer dans la bataille électorale, mais n'a pas encore fait connaître ses intentions. M. Moussa, pour sa part, n'a pas exclu de poser sa candidature. Les responsables du parti au pouvoir ont vivement critiqué toute idée de révision constitutionnelle, implicitement rejetée par le président Moubarak lui-même. « La Constitution (actuelle) est la référence suprême » de toute action politique, a-t-il répété samedi. L'opposition égyptienne dénonce systématiquement les restrictions légales qui rendent quasi-impossible pour des candidats indépendants de se lancer dans la course pour la magistrature suprême.