La nouvelle révolution a été déclenchée par le Mouvement populaire uni, une coalition de l'opposition, qui avait appelé à manifester, mercredi dernier, dans tout le pays contre le président Bakiev, accusé de corruption et de museler les médias indépendants. L'opposition, portée au pouvoir par un soulèvement mercredi dernier au Kirghizstan, a promis qu'elle organiserait une élection présidentielle dans les six mois, conforme à toutes les règles démocratiques. Rosa Otounbaïeva, chef du gouvernement par intérim et ancienne ministre des AE, a également juré que son gouvernement ne répéterait pas les erreurs du président déchu Kourmanbek Bakiev. Arrivé au pouvoir après la “révolution des tulipes”, en 2005, ce dernier avait rapidement été accusé de dérive autoritaire, de fraude électorale et de distribuer prébendes et postes à responsabilité aux membres de sa famille. Il s'est réfugié dans le sud du pays, mais il est privé de toute possibilité d'influer sur la situation là-bas. Selon le ministre de la Défense par intérim, le général Ismaïl Issakov, les militaires se sont mis totalement du côté du nouveau pouvoir. La nouvelle révolution a fait plusieurs dizaines de morts et plus de 400 blessés. La population s'était révoltée, mettant à feu et à sang la capitale jusqu'à venir à bout des forces de police qui avaient tiré sur les manifestants. Le siège du gouvernement, du Parlement et de la présidence ont été saccagés, ainsi que celui du procureur général, et les affrontements se sont achevés lorsque des manifestants ont pris le contrôle du siège de la police. L'armée s'est tenue à l'écart. La nouvelle révolution a été déclenchée par le Mouvement populaire uni, une coalition de l'opposition, qui avait appelé à manifester mercredi dans tout le pays contre le président Bakiev, accusé de corruption et de museler les médias indépendants. Arrivé au pouvoir en mars 2005, à l'issue d'une révolution émaillée de violences, Bakiev avait pourtant promis de démocratiser le pays. Depuis, la plupart de ses compagnons de route ont rejoint l'opposition, l'accusant de dérive autoritaire. Son pouvoir est devenu très répressif : tortures, mise en prison des opposants, meurtres commandités. Bakiev a instauré un pouvoir patrimonial. Son fils Maksim, à la tête d'une entreprise semi-publique, a pillé toutes les richesses du Kirghizstan, accaparant, sous couvert de libéralisme, les entreprises nationales d'électricité et de communication. Il les a achetées pour 1 centime, pour augmenter les tarifs de l'électricité, du chauffage et de l'eau, ainsi que ceux des communications de deux fois. Il voulait encore les augmenter de cinq fois dans un pays où 80% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. D'où la révolte populaire contre Bakiev qui a de fait placé toute sa famille au pouvoir ! Janish, son frère, et Marat, son premier fils, s'occupaient de la sûreté nationale et, par la même occasion, d'élimination des opposants, des journalistes, comme Alisher Saipov et Gennadii Pavluk, tués atrocement pour leurs dénonciations. Un autre journaliste Syrgak Abdyldaev a été gravement blessé par 17 coups de couteau pour avoir enquêté sur la corruption dans les hauts échelons du pouvoir de Bakiev. Celui-ci avait fini par oublier que le Kirghizstan est un petit pays et que tout se sait assez vite. Dernier geste de Bakiev, la fermeture de tous les sites internet kirghizes pour en finir avec la presse indépendante. Pour tenir en laisse l'armée, il est allé jusqu'à incarcérer un général charismatique, Issakov, qu'il a fait condamner à 8 ans de prison. Et l'ex-président pensait durer dès que son pays abriterait des bases militaires russes et américaine. Washington a fermé les yeux sur les innombrables violations des droits de l'homme commises par Bakiev. Et Moscou n'était intéressée également que par ses bases. Les Kirghizes se sont débarrassés de leur dictateur, mais la situation est encore confuse. Les deux puissances tentent de sauvegarder leur présence, tandis que la Chine a indiqué être préoccupée.