L'opposition, qui s'est emparée mercredi du pouvoir, met en garde le président Kourmanbek Bakie. Elle menace de recourir à la force s'il continue à refuser de démissionner et cherche encore à déstabiliser la situation dans le pays. «Nous ne discutons pas (...). Bakiev doit démissionner et annoncer cette décision au peuple », déclare Omourbek Tekebaïev, le nouveau chargé des affaires constitutionnelles. Le président déchu n'entend ni démissionner de son plein gré ni reconnaître la légitimité du nouveau pouvoir en place à Bichkek, qui envisage de l'arrêter pour le juger pour la mort des 81 manifestants sous les balles des forces de l'ordre et les 1651 blessés. Il appelle à déployer des forces de maintien de la paix de l'ONU et prône la création d'une commission internationale indépendante pour enquêter sur les événements du 7 avril.« Nous ne pourrons guère contenir ceux qui sont prêts à se ruer vers le fief de Bakiev avec des fusils. Tous ceux qui ont été tués avaient des parents, des amis. Il y a des gens qui cherchent à se venger. C'est une situation très sensible», déclare Roza Otounbaïeva la dirigeante du gouvernement de transition accusant au passage le président déchu et ses partisans de «fomenter une guerre civile». «Je voudrais avertir ceux qui m'ont aujourd'hui pris en chasse : qu'ils n'engagent pas des tueurs, parce que cela ne ferait que provoquer une grande tragédie dans ce pays. Nous plongerons le Kirghizistan dans le sang s'ils optent pour l'élimination physique. S'ils utilisent la force, ces gens qui m'entourent ne laisseront pas faire et cela signifiera un bain de sang », lui réplique Bakiev réitérant sa disponibilité à lui parler « même si elle est un membre d'un gouvernement illégitime ». Peine perdue. Des procureurs favorables aux nouvelles autorités ont engagé déjà des poursuites pénales contre deux frères de Bakiev et son fils. Entre l'ex-opposition et l'ex-pouvoir aux commandes du pays depuis 2005, c'est l'impasse.