La grande panne d'électricité qui a touché, jeudi dernier, le nord-est des Etats-Unis et l'Ontario, Canada, a déclenché, peu de temps après son apparition et l'annonce d'explications contradictoires, la décision d'ouverture d'une enquête du Parlement US. Le président Bush est intervenu, du reste, en personne pour rassurer les citoyens américains. On ne badine pas avec les millions d'usagers, d'autant que l'événement s'est produit à l'approche de l'élection présidentielle. On a surtout pensé à la crédibilité du pays le plus puissant de la planète, écornée avec cette gigantesque panne. Comparaison n'est pas raison. Mais en Algérie, c'est le mépris qui caractérise la relation gouvernants-gouvernés. Ni le black-out de février ni les délestages d'électricité n'ont suscité de réactions du premier magistrat du pays. Alors que ce problème touche non seulement aux conditions de vie de millions d'Algériens, mais également à l'attractivité du pays, et ce, en termes d'investissements directs étrangers. C'est l'image du pays qui est altérée avec les coupures d'électricité et le risque de difficultés plus grandes au cours des hivers 2004-2005, dus au manque d'énergie. Aux Etats-Unis, on a rapidement mis le doigt sur la vétusté de l'outil de production d'électricité. En Algérie, on n'a pas cherché à savoir si l'état du système des centrales électriques n'est pas responsable, en partie, de l'insuffisante offre par rapport à la demande. On a imputé la cause des délestages à l'arrêt des investissements. Mais, il semble que ce ne soit pas l'unique raison. Les énormes pertes d'énergie sont-elles dues uniquement aux branchements illicites ? Le Parlement peu averti des questions d'énergie n'a pas jugé utile d'ouvrir une enquête. Pourquoi autant de mépris et le peu de diligence dans le traitement des préoccupations des citoyens ? Tout simplement parce que nous sommes loin de ces règles d'un Etat de droit, où le chef de l'Etat, astreint à améliorer le quotidien de la population, au risque de ne pas être réélu, est au service avant tout des citoyens, où le Parlement n'a pour préoccupation que de répondre aux attentes des électeurs. Quand les élections sont entachées d'irrégularités et n'expriment pas les choix des citoyens, il ne faut pas s'attendre à ce que le respect prime dans les relations entre les deux parties. Tant que les électeurs ne sont pas synonymes de pressions sur les décideurs, les chemins vers un Etat de droit seront sinueux. N. R.