Bien que la séance inaugurale de la 16e Conférence internationale sur le gaz naturel liquéfié (LNG 16) soit prévue pour demain matin au Centre des conventions d'Oran (CCO), les choses ont bel et bien commencé depuis 48 heures, notamment pour les Oranais. En effet, et depuis jeudi, l'attraction du moment se tenait au niveau du front de mer d'Oran, où nombre de badauds se sont rendus durant tout le week-end pour avoir une vue imprenable sur les deux bateaux de croisière qui ont accosté au port d'Oran et immortaliser l'événement en les photographiant. Le Grand Voyageur et le Grand Célébration, d'une capacité de 1 200 chambres, sont les deux bateaux de croisière affrétés par Sonatrach auprès d'une société espagnole pour 3 millions d'euros et qui serviront de bateau-hôtel pour une partie des participants au GNL 16. Ces derniers profiteront des prestations de luxe de ces deux navires entre restaurants, casino, piscine, salon de beauté, salle de gym… De mémoire de docker, jamais navire de croisière de cette dimension n'a accosté au port d'Oran. D'ailleurs, il a fallu, pour cela, engager des travaux pour près de 500 millions de DA ayant servi notamment à augmenter le tirant d'eau de deux quais. En plus de ces bateaux de croisière, des yachts privés doivent également accoster au port. Plus loin et à l'autre bout de la ville, une agitation tous azimuts règne au CCO et dans les alentours immédiats. Les premières délégations officielles à être arrivées sont celles de la Russie, de la France et du Qatar. Une arrivée qui s'est faite au milieu d'une frénésie de dernière minute puisque bull, grue, ouvriers et agents des services de nettoiement s'affairent toujours au sein du CCO et à l'extérieur pour les aménagements d'espaces verts. La société britannique ITE, partenaire habituel de Sonatrach, chargée de gérer l'événement, est sur place depuis quelques jours et se fait plus visible. Une pléthore d'agents de sécurité algériens sont postés dans les moindres recoins, balisant les allées et venues des délégués et des journalistes qui sont aussi sur les lieux depuis quelques jours. La cité faisant face au CCO, haï Khemisti, a été envahie par des agents de police en uniforme et en civil. Les rues de cette cité débouchant sur l'entrée du CCO ont été fermées à la circulation, contraignant les habitants à des détours pour en sortir ou pour y accéder. Là-aussi, le va-et-vient des citoyens est contrôlé, notamment les jeunes, ce qui n'est pas sans provoquer la colère face aux contrôles d'identité incessants et aux sommations de faire demi-tour. Certains de ces habitants ont le sentiment de vivre un état de siège. Depuis des mois, le quotidien des Oranais n'est que contraintes et désagréments provoqués par les travaux qui ont retourné sens dessus dessous toute la ville, ainsi que les tronçons routiers de l'itinéraire des délégations. Aujourd'hui, leur situation ne va pas s'améliorer avec le dispositif sécuritaire extrême mis en place à Oran. Ce sont 20 000 agents des forces de l'ordre qui ont été déployés avec des renforts venus de plusieurs wilayas de l'Ouest. Des quartiers chauds, qui ont été le théâtre de contestations violentes ces derniers mois, à cause de l'éternel problème du logement ou pour exiger un cadre de vie décente, ont été placés sous haute surveillance. Tous les petits délinquants et chef de bandes fichés ont été embarqués pour faire place nette et “offrir le meilleur visage d'Oran”.