C'est quasiment une première dans la wilaya de Tizi Ouzou que de voir tous les syndicats, jusque-là frères ennemis, agir tous en même temps, bien que pas ensemble, pour dénoncer la situation qui prévaut dans la région dans les deux secteurs, l'éducation et la formation professionnelle. En effet, dans le secteur de la formation professionnelle, que le syndicat autonome Snapap vient de paralyser pour une durée de trois jours à travers une grève dont le taux de suivi annoncé par ses initiateurs est de 72%, et qui menace d'aller vers des actions plus radicales, c'était hier au tour du bras syndical du pouvoir, l'UGTA, de monter au créneau à travers une déclaration des plus virulentes à l'égard de la direction de tutelle et à sa tête la directrice. “Les interventions de la directrice consistent, soit à proférer des menaces de représailles, soit à donner des promesses sans lendemain, aussi farfelues les unes que les autres”, est-il écrit dans la déclaration de l'UGTA, qui ajoute, en s'adressant à la même responsable, qu'“on ne peut gérer une situation de crise par des basses manœuvres et des mensonges”. S'agissant du secteur de l'Education, les trois syndicats, Unpef, Cnapest et Sete/UGTA, ont tous préféré recourir à de virulentes déclarations publiques pour réitérer leurs revendications. Dans sa longue lettre-constat, adressée aux responsables concernés, le bureau de wilaya du syndicat Unpef dit vouloir prévenir quant à l'urgence de répondre aux doléances des travailleurs du secteur afin d'éviter tout dérapage qui pourrait avoir des conséquences fatales sur tous les plans. À travers son document, l'Unpef dénonce la marginalisation dont est victime le travailleur de l'éducation et les méthodes de gestion de la direction de l'éducation qui font de la wilaya de Tizi Ouzou une autre Algérie puisque, soulignent les rédacteurs de la lettre, les directions de l'Education des autres wilayas fonctionnent normalement. “Les responsables qui se sont succédé à la tête de la direction de l'Education n'ont créé qu'amalgame, désordre et l'instabilité dans les carrières des travailleurs qui font constamment l'objet d'un risque de cessation et conseil de discipline arbitraires, d'affectation hors mouvement”, est-il écrit dans ladite lettre. À travers cette dernière, l'Unpef déplore l'absence de dialogue et surtout le non-règlement des situations financières restées pendantes depuis la centralisation des traitements des travailleurs. L'accueil jugé dégradant, l'organisation qualifiée de défaillante des concours et examens professionnels et l'insécurité dans les établissements scolaires sont entre autres les problèmes soulevés également par l'Unpef. Ce syndicat appelle à la décentralisation relative de l'opération paiement des salaires par la création de sous-directions au même titre qu'Alger pour faire face au problème de l'effectif qui avoisine 20 000 travailleurs, pourvoir la direction de l'éducation en personnel qualifié dans la gestion des ressources humaines et des finances, la mise à la disposition de la direction de l'Education d'un fonctionnaire du Trésor public, l'allocation de crédits nécessaires à l'assainissement des situations financières pendantes, et permettre également aux commissions paritaires de siéger en cas de nécessité pour la régularisation des situations administratives. Dans sa déclaration, le syndicat Sete/UGTA dénonce plutôt ce qu'il qualifie de “viles et basses manœuvres de la bureaucratie qui ne rate aucune occasion de singulariser la wilaya de Tizi Ouzou où, malgré les promesses et les engagements pris par le ministère, les travailleurs n'ont pas perçu leurs rappels de salaires et de la prime de rendement des mois de janvier et février”. Réuni le week-end dernier, le conseil de wilaya du Cnapest a tenu à dénoncer lui aussi la non-régularisation des arriérés financiers, les ponctions abusives sur les salaires et la fermeture du bureau du syndicat à la direction de l'Education. C'est ainsi que le Cnapest a organisé, mercredi dernier, un sit-in qui a rassemblé plusieurs centaines d'enseignants et appelé à ne pas assister aux conférences pédagogiques et à boycotter les tâches administratives.