Il y a 70 ans mourut cheikh Abdelhamid Ibn Badis. Il n'avait ni femme ni enfants, juste une cause identitaire et une jeunesse qu'il conditionna à la résistance contre le colonisateur. L'Association des oulémas algériens est une idée algérienne qui lui appartient à lui seul. Il était, avec cheikh Larbi Tébessi, parmi les rares de l'Association des oulémas qui pensaient que l'Algérie ne pourrait jamais être française. Le ralliement tardif au FLN du reste des oulémas est illustratif. Aujourd'hui, dans une histoire racontée sur mesure, on présente les zaouïas (confréries), des années 1930-1940 et 1950, comme le socle du mouvement de libération nationale alors qu'elles furent l'adversaire d'Ibn Badis dans sa quête identitaire. Heureusement que le cheikh n'est plus de ce monde ! Abdelhamid Ibn Badis est né un 4 décembre 1889 à Constantine. Il grandira dans une famille aisée et très influente à ce moment-là. Ce qui n'enleva en rien de sa modestie ou sa générosité envers ses semblables, notamment ses élèves issus pour la plupart de familles très pauvres. Il disait toujours : “Il y a deux moyens qui mènent à la liberté : l'éducation et la religion. Un peuple instruit ne peut pas être colonisé.” À cet effet, 351 écoles ont été créées à travers tout le territoire national pour accueillir plus de 40 000 élèves. Ces écoles qu'on appela medersas avaient pour objectif la sauvegarde de la langue arabe ainsi que l'identité algérienne. Et, par là même, nettoyer la société de toute forme de charlatanisme, à entendre les confréries ou zaouïas. Le parcours de l'ouléma, depuis sa naissance jusqu'au jour de sa mort, fut atypique. À 11 ans, il est déjà imam à la grande mosquée de Constantine. En 1903, il s'initie aux sciences islamiques sous l'œil averti du cheikh Hamdane Lounici, avant de rejoindre la mosquée Zeïtouna en Tunisie, d'où il sera diplômé en 1911. La pensée badissienne fut occultée juste après l'indépendance de l'Algérie. Elle ne refera surface qu'au début des années 1970 grâce aux tendances progressistes d'une société algérienne qui se sentait menacée par l'idéologie des Ikhouan et de la Djamaâ islamya. Un riche programme à Constantine Dans la wilaya de Constantine, depuis hier et jusqu'au 29 du mois en cours, un programme riche en festivités est en place. Organisées par la wilaya de concert avec le mouvement associatif et les secteurs de la culture, de la jeunesse et des sports, elles toucheront l'ensemble des communes. À titre d'exemple, jeudi, l'université Emir-Abdelkader a abrité les travaux d'un séminaire national sur l'approche de Abdelhamid Ibn Badis dans l'interprétation. Hier, les Constantinois étaient au rendez-vous avec le semi-marathon de la wilaya. Demain, la medersa (ex-académie universitaire) abritera une exposition d'artistes peintres, une manifestation qui s'étalera jusqu'au 18 mai. Le musée de Cirta, quant à lui, sera l'hôte de plusieurs expositions et de conférences sur le patrimoine de Constantine. Par ailleurs, des tournois de football, tennis, judo, handball et jeux d'échecs seront organisés du 3 au 20 avril au niveau des différents stades et salles omnisports de la wilaya de Constantine.