Vie privée, vie publique, que produit et anime Mireille Dumas pour France 3, a reçu un invité qui nous intéresse plus particulièrement. Même s'il fait partie de ceux qui ont rallié, depuis le début des années 1960, les thèses de la caste coloniale et s'est présenté sur les plateaux de la chaîne publique française en qualité de pied-noir. Alors qu'il a toujours revendiqué à cor et à cri son algérianité et sa culture d'origine. En lui posant la sempiternelle question autour de son retour sabordé dans son pays d'origine, Mireille Dumas n'a pas été sans arracher à son invité de marque rires et larmes, bonheurs et passages à vide. Enrico Macias, puisque c'est de lui qu'il s'agit, répondit à sa manière tout en imputant, sans agressivité cette fois-ci, la non-concrétisation de son projet à quelques contingences politiciennes. Pas un mot sur M. Abdelaziz Bouteflika à qui certains esprits chagrins allant vite en besogne reprochaient durement de s'être rétracté. Comme l'histoire rattrape vite son monde, nombreux sont ceux qui considèrent, aujourd'hui, à l'aune des tragiques événements de Gaza, que le refus des autorités algériennes d'autoriser la venue du chanteur français était des plus judicieux. Et la confession religieuse du quidam n'y est pour rien en ce que des milliers de juifs algériens, ceux-là mêmes qui avaient refusé d'être au diapason des phantasmes des rédacteurs du décret Crémieux, vivent toujours dans leur pays d'origine et contribuent chaque jour davantage à la transformation de leur société. Les raisons de la colère sont intimement liées à la nature même d'un personnage qui prend ses désirs pour de la réalité. Enrico Macias avait annoncé, en effet, que son retour à Constantine allait lui donner l'opportunité historique d'en découdre avec les assassins présumés de son beau-père, le grand chantre du malouf, cheikh Raymond Leiris exécuté par balles à Constantine par le FLN. Et c'est la goutte qui fit déborder le vase et non l'intolérance religieuse de certains milieux, comme sournoisement rapporté par certains titres locaux qui, par ignorance, ne savaient pas alors que Raymond Leiris a été à l'origine de l'arrestation et de l'exécution de militants constantinois. Demander des comptes à des martyrs de la Révolution nationale est la pire des insultes qu'aucun patriote digne de ce nom ne pouvait accepter. À plus forte raison lorsqu'il a affaire à un récidiviste qui ne fait pas mystère de son indéfectible soutien à un Etat terroriste qui impose un véritable acte génocidaire au peuple héroïque de Gaza. À un moment, pourtant, où les habituels alliés du sionisme adoptent un profil bas, offusqués qu'ils sont, sans doute, par l'ampleur des massacres qui dépassent, et de loin, ceux perpétrés par la horde nazie contre la communauté juive. À Mireille Dumas il avouera, la mort dans l'âme, qu'il est désormais pour la paix entre les peuples, tous les peuples… Nous sommes bien loin des attitudes belliqueuses de cet enfant de mon pays qui lui ont valu d'être récompensé par David Bitton, le grand commandeur de Migdal en France, pour services rendus au Magav, la branche de combat de la police israélienne, et à Tsahal. Cérémonie à l'occasion de laquelle il déclara d'ailleurs qu'il faut aider les soldats israéliens parce que ce sont eux qui garantissent... non seulement l'Etat d'Israël, les frontières de l'Etat d'Israël, mais aussi toutes les frontières du peuple juif dans le monde. C'est toujours lui qui réagira avec véhémence aux propos de maître Gisèle Halimi qui lui faisait remarquer que c'est bien le Mossad qui avait apporté son aide à la répression coloniale dans le Constantinois... Et c'est toujours à lui de rétorquer à la remarque pourfendeuse que “tout ce que fait le Mossad et tout ce que fait Israël, c'est pour les Juifs du monde entier...” Avant d'être coupé ainsi par l'ancienne avocate juive du FLN : “Dites plutôt ‘les juifs d'Israël'...” Vouées aux gémonies qu'elles sont par tous les peuples épris de liberté et de justice, les forces du mal sioniste seront défaites tôt ou tard, comme le fut Raymond Leiris alors supplétif du Mossad en Algérie, avec tout le respect de mélomane que j'ai pour son art, et comme le sera cet agent par trop zélé de la branche de combat de la police israélienne, bien qu'il soit l'enfant de mon pays. A. M. [email protected]