Programmé pour jeudi dernier, le procès de l'attentat du 11 avril 2007, ciblant le siège du Palais du gouvernement, a été reporté, encore une fois, par le tribunal criminel d'Alger, à une date ultérieure qui n'a pas été précisée. Uniquement 7 des 18 accusés étaient dans le box. Le plus jeune a 23 ans, le plus âgé 41ans. Un huitième accusé, en liberté provisoire, était dans la salle. Les dix autres incriminés sont considérés par la justice comme étant en état de fuite. Parmi eux, le chef du GSPC Abdelmalek Droukdel. Six des huit inculpés présents au procès, ainsi que ceux recherchés ont été déjà condamnés en 2009, dans le cadre de l'affaire de l'attentat contre le commissariat de Bab-Ezzouar. C'est en présence de près d'une centaine de personnes qui se sont constituées partie civile que les détenus font leur entrée, échangeant des signes de la main et des sourires avec leurs proches. Les survivants à l'attentat et aussi les ayants droit des personnes décédées, sont eux, restés impassibles, silencieux. Après une brève discussion avec la défense, le président de la séance, Omar Belkharchi, décide du report motivé par un pourvoi en cassation introduit par le prévenu Ouzandja Khaled, contre l'arrêt de la chambre d'accusation, sur lequel la Cour suprême n'avait pas encore statué. Ce dernier se désiste devant le magistrat de ce pourvoi. Seulement pour le faire, il y a une procédure à respecter. En l'occurrence, le détenu doit, lui ou son avocat, rédiger une requête dans laquelle il fait part de son recul et la transmettre à la Cour suprême. Peu avant que le juge décide de reporter l'audience, il a eu à gérer une querelle entre un détenu et son avocat. En effet, ce dernier commis d'office par la cour d'Alger a fait remarquer au président de la séance que dans l'arrêt de renvoi, il n'est pas mentionné que le détenu dont il était chargé de défendre était sous mandat de dépôt et a donc demandé sa libération. À un moment, il se tourne vers le détenu en question et lui demande d'appuyer cette affirmation. Non seulement, le concerné rétorque qu'il lui a été signifié effectivement le mandat de dépôt, mais également il dérape et s'en prend à la défense en l'accusant de faire dans l'infantilisme. L'avocat perd son sang-froid et annonce au juge sa décision de se retirer de cette affaire. Le président de la séance tente de le calmer, en vain. “Il a attaqué la défense dans son ensemble. S'il ne s'était adressé qu'à moi, je l'aurais attaqué en justice”, rétorque-t-il. Sur cet épisode, la séance est levée. À la question de savoir pourquoi la justice a jugé utile de dissocier les quatre affaires : celle du Palais du gouvernement, du commissariat de Bab-Ezzouar, de l'Ecole de gendarmerie des Issers et l'attentat à la voiture piégée avorté contre le domicile du défunt DGSN Ali Tounsi ; un avocat constitué dans l'affaire de l'attentat contre le siège de la chefferie de l'Exécutif répond que “tout simplement parce que les victimes ne sont pas les mêmes”. La défense projette d'informer prochainement par écrit le président de séance que l'“émir” du GSPC, qui dans le cadre de cette affaire est considéré comme étant en fuite, est en réalité en prison pour avoir été condamné dans le cadre d'un autre procès. L'attentat à l'explosif ayant ciblé la chefferie du gouvernement a fait plusieurs dizaines de victimes et a causé au Trésor public un préjudice estimé à plusieurs milliards de dinars, apprend-on de l'avocat du Trésor public.