C'est un président de l'APW visiblement en colère qui a animé, hier, une conférence de presse pour descendre en flammes le ministre des Affaires étrangères accusé de blocage d'une subvention du Pnud en faveur de la wilaya de Tizi Ouzou dans le cadre d'un projet de préservation de l'environnement. Ne mâchant pas ses mots, Mahfoud Belabbas, qui a rappelé, dans une déclaration liminaire, la genèse de l'affaire en affirmant qu'une subvention “a été accordée par le Pnud à la wilaya de Tizi Ouzou, dans le cadre du programme de cette instance onusienne destinée à lutter contre les dégradations de l'environnement”, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour parler d'un cas de ségrégation flagrant de la région de Kabylie, puisque “des détracteurs tentent d'empêcher notre wilaya de bénéficier de ce projet”, dénonce le P/APW de Tizi Ouzou. Ce dernier, dans une lettre ouverte, interpellait récemment Mourad Medelci sur des manipulations qui découleraient d'“une initiative isolée d'un fonctionnaire zélé dont l'antikabylisme primaire serait la motivation”. “Malheureusement, le silence révélateur qui est opposé à notre colère nous pousse à déduire que le responsable du département des Affaires étrangères semble cautionner ou même partager cette démarche d'exclusion de toute une région qui est pourtant initiatrice de ce programme auprès des instances du Pnud”, regrette le conférencier, ajoutant que c'est sur proposition de l'APW de Tizi Ouzou que la ville de Boughzoul (Médéa) a bénéficié du même programme. Devant cet état de fait, le président de l'APW appelle les citoyens et les élus de la wilaya à se mobiliser “pour faire valoir le droit et dénoncer l'ostracisme et l'exclusion qui semblent s'ériger en règle de gestion par le pouvoir central”. Un processus de dénonciation et de mobilisation populaire est sur le point d'être entamé, a révélé le même responsable. C'est ainsi que les élus locaux sont destinataires d'une lettre de sensibilisation les informant que le gouvernement algérien tente de “bloquer” un financement du Pnud au profit de la région. Cette tentative d'exclure la wilaya de Tizi Ouzou, pourtant initiatrice du programme, est “inacceptable”, estime Belabbas, qui en appelle à la solidarité des élus face à cette “énième provocation”. “En ma qualité de président de l'APW, mon devoir est de vous alerter en tant que représentants légitimes de la population pour nous mobiliser et alerter l'opinion sur ces dérives volontaires, orchestrées par des officiels de l'Etat algérien, dans le seul but de punir, par tous les moyens, notre population qui a toujours refusé le diktat”, explique l'orateur, qui suggère à ses pairs “d'affronter ensemble cette agression supplémentaire”. “Notre mobilisation et notre détermination à faire barrage aux bureaucrates anti-kabyles qui nous gouvernent auront au moins l'avantage de mettre les uns et les autres devant leurs responsabilités”, fera-t-il remarquer par ailleurs. Considérant que les questions environnementales n'ont pas de couleur politique, M. Belabbas interpelle ses pairs élus en ces termes : “Au-delà de nos divergences, la région de Kabylie, qui nous est commune, exige de nous organisation, mobilisation et solidarité pour mettre en échec les desseins de ses détracteurs.” Le Pnud a avalisé un programme de traitement de déchets ménagers avec un financement québécois de 1 million de dollars destiné aux deux régions, Tizi Ouzou et Boughzoul. Une délégation du Pnud a même séjourné en Algérie pour finaliser le dossier. Seulement voilà, les autorités algériennes viennent de bloquer le projet dont le budget est déjà affecté au bureau du Pnud à Alger. S'exprimant dans une conférence publique, le président du RCD, Saïd Sadi, avait révélé que le pouvoir algérien aurait exigé des bailleurs de fonds d'affecter tout le financement à la région de Boughzoul au détriment de la Kabylie, sous peine d'annuler carrément le projet. Cette instance de l'ONU a déjà initié des projets en Algérie sans que le pouvoir ne mette son veto. Il s'agit, entre autres, des programmes d'appui au Parlement algérien, de la modernisation du secteur de la justice, du plan de gestion des zones humides, de la réhabilitation des routes des ksour dans le Sud, etc.