Devant l'évolution vertigineuse de la cybercriminalité, l'Algérie peut être à tout moment victime d'attaque. Pour preuve, il y a quelques mois de cela, 6 000 postes CCP sont tombés en panne. Les responsables ont affirmé que le système avait été attaqué en 2005. L'année dernière, Air Algérie a enregistré une panne générale de son système informatique, chose qui a mené à l'annulation de tous les vols. C'est ce qu'a révélé, hier, le président directeur général de la société de sécurité des réseaux informatiques (SSRI), Abdelaziz Derdouri, lors d'une conférence de presse animée à l'agence Algérie presse service (APS), avec pour thème “la cyber sécurité, enjeux réels et situation en Algérie”. Lors de cette rencontre, le conférencier s'est attardé sur le fait que Algérie n'a pas de loi concernant la cyber sécurité, et celle relative à la cybercriminalité n'est pas complète. “La cybercriminalité est une menace parmi tant d'autres. C'est pour cela qu'il faut élargir le champ législatif”, a souligné M. Derdour. Faire un état des lieux et élaborer une stratégie font partie des priorités de Algérie, car selon le conférencier, il y a une évolution vertigineuse et des progrès réalisés en cybernétique mais les choses traînent pour ce qui est des textes de loi. Tout en relevant que jusqu'à l'heure, il est impossible de faire un état des lieux, bien que Algérie fasse du développement des TIC une de ses priorités. Lors de son exposé, le P-DG du SSRI a soutenu que la perspective d'aboutir à un accord international en matière de cyber sécurité n'est pas chose évidente. Car selon le dernier rapport de la compagnie, McAfee a relevé que 140 pays ont acquis des programmes pour utiliser l'Internet comme arme de combat. Il a estimé que “les agissements malveillants d'individus ou de gouvernements sont la cause de préjudices politiques, économiques, financiers et sociaux. Il s'agit donc d'une question de sécurité nationale”. M. Derdour a appuyé son exposé en expliquant que le e-commerce génère plus de 150 milliards de dollars et qu'une interruption d'une journée peut coûter 425 millions de dollars. Pour que l'Algérie puisse se protéger face à une telle attaque dans l'avenir, le développement de logiciels nationaux et le recrutement de jeunes sont devenus une nécessité. Pour M. Derdour il est “impossible” de faire confiance aux logiciels étrangers. En plus de tout cela, l'Algérie va acquérir d'ici la fin de l'année le système Global Internet eXchange (GIX) a fait savoir la présidente de l'Autorité de régulation des postes de télécommunication (ARPT), Zohra Derdour. “L'utilisation de cette technologie aura pour seule mission de savoir le nombre d'informations introduites en Algérie et le plus important serait de savoir d'où viennent ces informations et leur destination”. Par ailleurs, le P-DG du SSRI a relevé l'impact d'une telle menace sur la scène internationale et son impact financier ainsi que les lois mises en place par certains pays dans le cadre de la cyber sécurité. À cet effet, il a indiqué que l'impact financier des intrusions informatiques dans le monde s'élevait en 2008 à plus de 1000 milliards de dollars, précisant que 138 compagnies américaines ont perdu 54 milliards de dollars en 2009 en raison de ces attaques. M. Derdour a relevé que “la cybercriminalité est plus lucrative que le trafic de drogue”, en indiquant que les cibles privilégiées des attaques sont les TIC avec 38%, les institutions gouvernementales avec 22% puis les banques et les institutions financières avec 21%. Le conférencier a précisé que les pays les plus “dangereux” en la propagation de virus sont les USA avec 36%, suivis de la Chine 33% et de la Russie avec 12%. La France, l'Iran et Israël figurent aussi parmi le top 5 des pays “menaçants”.