Photo : M. Hacène Par Hasna Yacoub Le nombre d'attaques sur les différents sites électroniques en Algérie atteint, selon des chiffres avancés par le P-DG de l'Eepad, 3 000 par mois. Ce qui est certes alarmant puisque l'Algérie est encore loin de la généralisation de l'Internet et de l'instauration du haut débit, prévues en 2013. Face à ce danger progressif, il a été décidé de baliser le terrain avec des lois et des organes de lutte contre la cybercriminalité. C'est dans ce cadre que le Centre de recherche juridique et judiciaire (CRJJ) a organisé hier, à Alger, un séminaire de deux jours sur ce thème. Visant à identifier les risques de la criminalité informatique sur la sécurité nationale et la sécurité des personnes et à présenter une approche législative et opérationnelle de la lutte contre ce nouveau fléau, le séminaire auquel ont été conviés une centaine de magistrats, de cadres de la police judiciaire et des experts nationaux et internationaux, a permis l'ouverture d'un débat sur, notamment, l'application de la loi 04-09 portant sur la lutte contre la cybercriminalité. Il est principalement indiqué que les affaires de cybercriminalité portées devant la justice sont en progression mais leur nombre reste minime. «Actuellement, le faible débit en Algérie cause la baisse de la cybercriminalité mais, à l'horizon 2013, les choses seront différentes», a affirmé, M. Bouzertini Djamel, directeur général du CRJJ. Lors de son allocution d'ouverture, il a insisté sur la sensibilisation des citoyens, la formation de spécialistes et la coordination des efforts pour une lutte efficace à l'échelle nationale et internationale. M. Lakhdari, directeur des affaires pénales au niveau du ministère de la Justice, a précisé pour sa part que, durant les cinq dernières années, 35 affaires liées au crime informatique ont été traitées par la justice, impliquant 88 personnes. Ce qui est, à première vue, minime mais le risque réside dans le fait que la courbe est croissante. D'un crime enregistré en 2005 n'ayant entraîné aucune poursuite, l'Algérie est passé à 12 crimes en 2010 avec la mise en examen d'une vingtaine de personnes. La majorité des crimes commis, au nombre de 13, concernent l'accès frauduleux avec destruction de données (34%) alors qu'un seul crime (3%) a été enregistré ces 5 dernières années ; il est relatif à la publication des images à caractère pédophile. Il est important de le souligner car, actuellement, la coopération entre l'Algérie et les autres pays sur le plan de la cybercriminalité est fondamentalement liée aux cas de pédophilie et de terrorisme. Les législations des deux parties sont unanimes à condamner les deux fléaux. Ce qui implique que le problème sera posé pour les crimes qui sont condamnables en Algérie et pas ailleurs. Autre difficulté à laquelle devront faire face les organes de lutte contre la cybercriminalité : l'absence de frontières. En effet, tout criminel peut faire héberger son site par un fournisseur étranger qui est soumis à la législation du pays où il réside. Si l'acte rendu public à travers Internet est puni en Algérie mais pas sous d'autres cieux, il sera impossible aux enquêteurs algériens de retrouver la traçabilité sans la coopération de l'hébergeur. Et en ce qui concerne les hébergeurs algériens, leur responsabilité est mise en cause pour les sites qu'ils gèrent, selon M. Badache, premier responsable du Cerist : «Nous ne sommes pas responsables du contenu de tous les sites que nous hébergeons mais de ceux que nous gérons.» M. Henni, directeur de la modernisation au ministère de la Justice, soutient que «l'hébergeur a une responsabilité. Il doit informer en cas de sites subversifs. En plus de cela, la police judiciaire a un droit de contrôle et de perquisition à tout moment après l'aval du procureur de la République». Actuellement, il existe en Algérie une dizaine d'hébergeurs opérationnels. Ils enregistrent quotidiennement des «tentatives d'intrusion», comme l'affirme M. Badache, mais «1% seulement réussissent à accéder frauduleusement aux sites. En général, il s'agit d'acte de défi et non d'attaque organisée pour un but criminel». Ce n'est pas le point de vue de M. Lakhdari, qui, en présentant le profil des cyber-criminels algériens, avance que 68% d'entre eux sont des jeunes âgés entre 25 et 30 ans ayant des connaissances en informatique (techniciens ou étudiants à 99%) et qui, dans 84% des cas, ont une relation professionnelle avec la victime. Leur motivation est dans 65% des cas financière. Il y a 15% de cas de vengeance, 15% de cas de curiosité et enfin 5% seulement agissent sous l'effet du défi. Selon les statistiques qu'il présente sur les 5 dernières années, M. Lakhdari soutient que 60% des victimes sont des administrations publiques et des EPIC. Le taux des entreprises privées nationales victimes de ces attaques est de 20%. Ce taux n'est que de 11% pour les entreprises privées étrangères, de 6% pour les individus et de 3% pour les organismes étrangers. A signaler enfin que le séminaire se poursuivra aujourd'hui avec des conférences portant sur des thèmes très importants tels que l'Internet et le cyber-terrorisme ou encore les obligations des fournisseurs de services et des hébergeurs. H. Y. Khalifa : la décision de la Cour suprême britannique peut durer une année Selon une source proche du ministère de la Justice, après le feu vert accordé par le ministère de l'Intérieur britannique à l'extradition de Abdelmoumene Khalifa, il restera à la justice algérienne d'attendre le prononcé de la Cour suprême sur le recours introduit par la défense du golden boy algérien. «Il n'y a pas de délai fixé pour le prononcé de la Cour suprême sur le recours introduit par les avocats mais nous pensons que cela peut prendre encore une année.» Questionné sur la possibilité de recours de Abdelmoumene Khalifa à la Cour européenne des droits de l'Homme, notre source a précisé : «Il faudra à ce dernier présenter des preuves solides démontrant le non-respect des droits de l'Homme en Algérie. Je pense que la décision du ministère de l'Intérieur britannique n'a pas été donnée sans une assurance totale qu'en Algérie le prévenu va bénéficier d'un procès équitable et dans le respect des droits de l'Homme. En plus, le recours à la Cour européenne des droits de l'Homme ne signifie pas forcément la suspension de l'exécution de la décision d'extradition.»