La crise grecque à peine calmée, la crainte d'une contagion au reste de l'Europe, tout particulièrement à l'Espagne, fait rechuter l'euro et toutes les Bourses européennes. Des rumeurs selon lesquelles des agences de notation vont dégrader la note de l'Espagne, et que Madrid pourrait demander une aide financière colossale au FMI font plonger les places boursières. Paris, Londres, Francfort avaient été ébranlées vendredi, suscitant la crainte que la crise grecque ne provoque un effet domino sur une économie européenne convalescente. Devant l'urgence, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union monétaire ont posé les bases d'un fonds inédit d'assistance financière pour éviter la contagion de la crise grecque en direction de l'Espagne et du Portugal, voire de l'Italie. Signe de la gravité de la situation, le président américain Barack Obama s'est dit “très préoccupé” par la crise budgétaire grecque et son impact sur les économies européenne et américaine. Mais quel impact pourrait avoir cette crise sur notre pays qui entretient des relations commerciales approfondies avec cette zone. L'Union européenne est le premier partenaire de l'Algérie. Les pays de l'Union européenne sont toujours les principaux partenaires de l'Algérie, avec les proportions respectives de 52,86% des importations et de 51,30% des exportations. À l'intérieur de cette région économique, on peut relever que notre principal client est l'Italie qui absorbe plus de 12,62% de nos ventes à l'étranger, suivie de l'Espagne de 11,95% et la France de 9,79%. Pour les principaux fournisseurs, la France occupe toujours le premier rang avec 15,68%, suivie par l'Italie et l'Espagne avec les proportions respectives de 9,40% et 7,56% dans les importations de l'Algérie au courant de l'année 2009. Du coup, la crise économique qui sévit dans beaucoup de pays européens aura inévitablement des répercussions sur notre pays. Sur le plan strictement des parités des monnaies, la faiblesse de l'euro est profitable à l'Algérie. Ces deux dernières semaines, l'euro a chuté d'environ 5% face au billet vert, “bien que cela se soit fait dans des conditions de marché normales. Cette baisse reflète simplement les données macroéconomiques en Europe et les dettes gouvernementales phénoménales des pays de la zone euro”, d'après les économistes de Morgan-Stanley, qui estiment que la faiblesse de l'euro devrait se poursuivre pour les prochains mois, voire même les prochaines années. Il semble qu'elles suivent les marchés et vendent leurs euros, apparemment depuis décembre dernier, pour acheter des dollars à la place. “En regardant vers l'avenir, il semble que ce processus va se poursuivre et que les banques centrales vont continuer à vendre leurs euros, de manière tout à fait progressive”, estiment certains experts. Au niveau des importations, la baisse du cours de l'euro peut faire l'affaire de nos importateurs au niveau des coûts à l'importation. Par ailleurs, le renforcement du dollar par rapport à l'euro renforce le pouvoir d'achat des réserves de changes de l'Algérie. Le risque pour notre pays est de voir ses exportations se contracter, pour une année supplémentaire. Pour rappel, en 2009 en raison de la chute du prix du pétrole, conjuguée à une faible demande mondiale, les exportations de l'Algérie ont baissé de moitié. Les exportations des hydrocarbures qui continuent à représenter l'essentiel de nos ventes à l'étranger durant l'année 2009 avec une part de 97,6% du volume global des exportations, ont enregistré une diminution de près de 43% par rapport à l'année 2008. Les exportations hors hydrocarbures, qui demeurent toujours marginales, avec seulement 2,36% du volume global des exportations soit l'équivalent de 1,07 milliard de dollars, ont régressé de 45% par rapport à l'année 2008. La baisse de la demande dans la zone euro peut s'accompagner d'une baisse de nos exportations vers cette zone. Même avec la Grèce, les échanges avec ce pays n'ont pas une grande importance.