La banlieue d'Annaba n'a pas été desservie pour le deuxième jour consécutif par rail, pas plus que le transport de marchandises, de minerai et de carburants n'ait été assuré, hier, suite au mouvement de grève des cheminots. La paralysie a concerné également les 52 gares dépendant de la direction ferroviaire d'Annaba alors que rien n'indique que le trafic va être rétabli malgré les appels à la sagesse, indiquent les responsables. Selon les représentants des travailleurs, les conducteurs de train, rejoints dimanche dernier par leurs collègues des ateliers de maintenance, continuent leur grève et exigent une revalorisation de leur salaire et de leurs indemnités de travail. Conscients du fait que les formes n'ont pas été respectées, cette fois, ils rappellent pour se dédouaner que ce mouvement de contestation fait suite à la marche arrière observée récemment par la direction générale de la SNTF concernant la revalorisation des salaires des employés. Les syndicalistes rappellent que la promesse en a été faite par les responsables de l'entreprise, il y a plus d'un mois, après un premier débrayage observé par les travailleurs, mais que rien n'ai été fait en ce sens. “Nous comprenons bien que nous ne pouvons pas demander aux usagers d'attendre les résultats des négociations, mais ce mouvement était devenu nécessaire et nos camarades y ont adhéré en force, ce qui prouve que nous sommes dans le vrai. Maintenant que les dés sont jetés, nous irons au bout de notre revendication”, a déclaré un des syndicalistes rencontrés au niveau de la station principale d'Annaba. À Oran, la gare était déserte et les quais vides, attestant de l'ampleur de la grève, comme nous l'ont confirmé les cheminots que nous avons rencontrés sur place. Seul un train sur 4 était en circulation “nous avons assuré le train des étudiants parce que nous n'avons pas voulu les pénaliser en période d'examens. Nous sommes tous en grève, tous services confondus, car trop c'est trop ! 20 ans que l'on nous fait courir sur ce dossier des salaires et des conditions de travail et aujourd'hui encore nous avons été exclus des augmentations”, avance un représentant des cheminots. Même s'ils sont affiliés à l'UGTA, les employés de la SNTF revendiquent en leur nom propre le déclenchement de cette grève. “Nous sommes au bord de la précarité. Nous n'avons jamais abandonné nos postes durant la décennie noire. La moitié d'entre nous souffre encore physiquement et psychologiquement de ce que nous avons subi durant cette période !” Et de nous montrer les cicatrices sur leurs bras, leur visage avant de poursuivre : “aujourd'hui, on passe notre temps à subir des mesures arbitraires ici à Oran, des sanctions, des retenues sur salaire qui pleuvent chaque mois, sans compter les licenciements abusifs”, raconte un mécanicien.